Pierre Oster |
La terre est un savoir ! D'où les eaux, d'où les rochers jaillissent. La nuit, la plaine et la mer fondent un savoir proche des murs. Et, là, là ! la, solitude aux couleurs de la nudité des choses, Le soleil gravit les collines... Il redescendra dans les champs, Dans les mares, dans l'herbe. Autant de mares, autant de portes Par où le ciel rejoint le chaume... Arbres meurtris, chemins détruits, La campagne se tait. J'en conjure, en accepte la paix. Le silence Signifie-t-il que les talus... si hauts, face au dieu du Tout, Que les talus, de l'orbe des planètes au labyrinthe des plantes, Ferment sans cesse une prison ayant la forme d'un vallon ? D'un vallon protecteur. Et, grâce à l'humus, à quelque manne Humide, à la richesse de la rosée, au repos déjà solennel Du matin, je me voue à l'espace... À sa beauté je m'inféode Bien avant que les heures ne brillent... Ah ! je mesure à loisir Le petit jour... Sur l'horizon le soleil s'arrondit, s'exalte. La nuit le couronne... Ah ! le soleil nous dicte et nous Vole une réponse ! Alors la pluie, infime, élémentaire, Orne des traces qui m'enchantent, étouffe à présent le fanal Qui, augurai, fatal, à la surface, à l'intérieur des gouttes, Vacille et les épuise... Imagination, quête et création D'un royaume. Et je serre ou je lâche une poignée de brindilles. Je me veux serviteur, gardien, complice et tenant du poème épars Des sens. Serviteur des maisons dans leur sommeil. D'une grange, D'une charpente... Un édifice, un creuset... Le ciel pourvoit À notre besoin d'infini... Le temps compose et cohabite Avec les vagues ! Avec les vagues, avec les vagues. Avec Des sentiers que nul ne sonde ! Avec des carrières, des grottes Doucement désertes... Avec de nouveaux rochers sous la voûte des écueils, Héros de l'abîme ! Et le jour vient à les surprendre au niveau de la mousse, De l'écume. Audacieux, plus qu'audacieux, presque audacieux, Nous les interrogeons Restons fidèles à la tendresse de la lymphe Laissons-nous conduire à l'unité des fleurs. Unité abondante. Et La règle est de croître... Du côté d'une frontière ou d'une ligne d'îles, La très chaste et très vénérable et redoutable Vénus Nous domine. À l'aplomb des toits les étoiles clignotent, La nuit s'en empare ! Ah ! me soumettre à la naissance du soleil, À sa plénitude... Avoir le désir d'accompagner pas à pas sa solitude. Pur, précieux, facile embrasement des bâtiments de l'éther, De maints bassins monumentaux ! Le jour se relance et nous drosse Le long d'une plage... JJ vogue. Il abrite un port abrupt. J'en scrute et j'en occupe, en défends la grandeur. Je m'en inspire. J'ordonnerai, je retrouverai, dirai, surgeons, drageons. Surgeons ! détaillerai à souhait les mots d'un éloge des feuilles. Un baume se répand sur la blessure des bois. La lune au bout de nos doigts Varie et nous séduit. Nous devinons que le brouillard consume, De la tôle des hangars aux piliers du temple et de la base des hangars À la grange, allume et consume un absolu de transparence. Notre lot? Guetter, prudemment, Fépiphanie du feu. Épier le retour Du guide obscur... J'oublie, à fouler le sol, je rêve ou j'évoque La bataille des saisons. Je recherchç et m'attribue le butin Que l'automne pille. Et l'hiver le confie au matin. Les mois commandent De sauver la sève... Au gré d'une voix, d'un chant parfait. Immobile, immobile et mobile, encore immobile et mobile, Le soleil détecte une route, instaure un paradis de roseaux (dont La pointe nous frôle) et lui dispute la mer. La mer recule, Nous apprend l'orgueil du jusant. Le vent, le tisserand. Hisse une voile, la détisse... Appareillage ou naufrage En guise de message. Attentifs, actifs, sereins, captifs, Il nous échoit de saisir, de choisir la sainte poussière, D'épouser la fortune inégale ! |
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Pierre Oster (1933 - ?) |
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