Pierre Reverdy |
Les rafles d'or sur le ravin des vagues Quand les feuillets de la mer se replient page par page Au bruit du vent Et des portées des voiles On commence à s'habituer à tous ces airs A la couleur de l'eau Au mouvement des planches Au goût amer Le phare a glissé ses ciseaux dans les draps de soleil Et les bateaux s'en vont sur l'amarre Le cabestan défait tourne et enroule le port que ronge un peu la nuit On chante Le sable est balayé Les lumières du fond de la colline ou bien du casino La voix de l'âne Au couchant Le soleil s'arrête comme un nid en feu dans les peupliers Et la voiture grince au détour du chemin qui finit sous la haie Le marais sec déteint Les plantes sont plus rares Et le train souligne la montagne en la longeant On suit de l'oeil Le pays neuf La terre propre Les pierres mieux polies par l'ombre du matin Puis les nuages sèchent Près des rayons tordus d'autres astres se dressent Montent de l'eau Des rochers écumeux Qui soufflent Et tout change de place La cabane est venue au levant La pointe au cap levé derrière les ombrelles On ne voit que le jour Les maisons disparaissent Les arbres s'évaporent Derrière le remblai le claquement des mains On entend tous les bruits mais les yeux sont éteints Le feu grille l'atmosphère et la peau de la terre craque Le cheval décharné traverse le tunnel Et la montagne siffle la queue perdue au bord des cils humides de la mer Sous les pattes de cet animal de terre mouvante l'eau circule luisante et tiède Pendant que les plantes se dressent dans les replis des roches Que les lames s'enflamment Et que le vent qui sort des tuyaux des machines des cheminées d'usines des soutes des navires Plus noir plus lourd Soulève la poussière qui va se figer dans les endroits humides En pyramides En cercles mosaïques Ou en simulacres de chaînes montagneuses irréelles En cendre de cigare Puis la fraîcheur revient avec le soir qui cache l'incendie Les voyageurs se promènent en noir Sur la jetée Sous le reflet luisant qui entoure leur tête Sur les pierres brûlées qui retiennent la peau Elles font partie de l'eau Elles continuent le corps Et les poissons battent le feu de leurs nageoires A travers le sillage où bouillonne l'acier Les étoiles prennent des formes de méduses de poissons aveugles de matières grasses Et un homme Un seul Demeure au bout du port Il tient sa tête détachée entre ses mains et rit plus fort Tandis que la mer au sanglot de sa gorge se calme et se balance O grand phare |
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Pierre Reverdy (1889 - 1960) |
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Portrait de Pierre Reverdy | |||||||||
La vie et l'Ouvre de pierre reverdyPierre Reverdy est né à Narbonne le 13 septembre 1889 à midi. Il vécut à Paris et à Solesmes; il est mort à Solesmes en 1960. Il grandit au pied de la Montagne Noire dans la maison de son père, qui lui transmet le lire et l'écrire. Plusieurs de ses proches ancêtres avaient été sculpteurs, travaillant la pierre d'église et le bois. Il fait ses études au petit lycée de Toulouse et au collège de Narb |
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