Pierre Reverdy |
II criait dans la ruelle à l'abri Je suis le mari de cette femme débraillée Qui vous montrera son cour et son âme pour rien Regardez L'heure du départ avait depuis longtemps sonné Puis ce fut le hasard les voyages sans fin Et ce voyage qui finit vous savez comment Mais on ne sait quand Personne ne sait quand Homme et femme ils se ressemblaient Pour rien son corps pour rien son âme On ne sait plus quel était l'homme et quel la femme Partis ensemble ils sont rentrés par la même porte Combien de temps sont-ils restés Cela non plus personne ne le sait Quand ils sont ressortis ils se ressemblaient tellement Prêts à tout Qu'on n'a pas pu les séparer Ensemble on a dû les laisser Et quand le train passa complet jusqu'aux portières Quelqu'un qu'on ne voyait pas galopait par derrière C'est le voyage sans fin Que l'on prenne à son heure ou qu'on manque le train Un à un les voyageurs descendent Et prennent le sentier du petit cimetière On va s'asseoir un moment sur un banc de pierre Et les cyprès tiennent la lune dans leurs doigts Ceux qui sont repartis rient de ceux qui se rendent Et leur joie durera au moins jusqu'à demain Mais il faut bien crier un peu contre sa femme Elle avait disparu il restait elle aussi Ils se ressemblaient tellement L'un sans l'autre ils ne pouvaient finir leur vie La ville est trop haute et droite On a quitté la ruelle où chauffait le soleil Sur les pavés qui montaient raide vers le ciel Pour la campagne les saules frais les ruisseaux clairs L'auberge peinte en vert Sur la prairie déteinte La forêt silencieuse ouvre ses portes Les ruisseaux sont des rails où l'eau dort de chaleur Les yeux au ciel l'oubli vient le silence est berceur Ah le calme et la paix voilà Des tas de souvenirs reviennent On est né là on s'en souvient la ville est venue bien après On rôde dans des rues d'où l'on voudrait sortir ' Mais c'est fini on se regarde On a les mêmes yeux on a le même nez La bouche dit les mêmes mots Comme on se ressemble L'esprit seul n'y est pas Où s'est-il donc caché Ah voleur voleur lève ta chemise lève tes paupières Je voudrais te mordre Tu ne m'avais pas tout montré |
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Pierre Reverdy (1889 - 1960) |
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Portrait de Pierre Reverdy | |||||||||
La vie et l'Ouvre de pierre reverdyPierre Reverdy est né à Narbonne le 13 septembre 1889 à midi. Il vécut à Paris et à Solesmes; il est mort à Solesmes en 1960. Il grandit au pied de la Montagne Noire dans la maison de son père, qui lui transmet le lire et l'écrire. Plusieurs de ses proches ancêtres avaient été sculpteurs, travaillant la pierre d'église et le bois. Il fait ses études au petit lycée de Toulouse et au collège de Narb |
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