Raymond Queneau |
Je n'ai donc pu rêver que de fausses manouvres, vaisseau que des hasards menaient de port en port, de havre en havre et de la naissance à la mort, sans connaître le fret ignorant de leur ouvre. Marins et passagers et navire qui tangue et ce je qui débute ont même expression, une charte-partie ou la démolition, mais sur ce pont se livrent des combats exsangues. Voici : le capitaine a regardé les nuages qui démolissaient l'horizon, il descend dans la cale où déjà du naufrage se profile l'inclinaison. Voici : les rats se sauvent et plus d'un prisonnier trouve sa délivrance. La coquille a viré pour courir d'autres chances, et voici : l'on innove. Que disent les marins ? ils grimpent aux cordages en sacrant comme des loups, ils ont passé la ligne affublés en sauvages, voulant encor faire les fous. Voici : ce navire entre dans d'autres eaux, d'autres mers où les orages n'ont pas détruit le balisage, et voici : les marins ont fermé leurs couteaux. Voici : ce ne sont plus vers de faux rivages que nous appareillons. La vie est un songe, dit-on, mais deux c'est trop pour mon âge. |
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Raymond Queneau (1903 - 1976) |
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Portrait de Raymond Queneau | |||||||||
ChronologieQueneau est un véritable acrobate. Toute sa vie il a jonglé entre littérature et mathématiques, malice et gravité, tendresse et dérision, érudition et innocence, humour et amertume. Curieux de tout, il a eu également une ambition encyclopédique ( la liste des livres qu'il a lus et souvent relus, établie par lui même, comporte environ 10 000 titres) et une volonté d'effectuer une recherche permanen |
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