Raymond Queneau |
Il oe faut pas chercher espace et souvenir Dans la poussière énorme où dorment les maisons Il ne faut pas chercher le temps et la mémoire Dans la ferraille obscure où s'ébrèchent les toits Je n'aurai pas cherché le vin ni le plaisir Dans le vide indigo d'une fenêtre aveugle Je n'aurai pas cherché le moment et l'histoire Dans les rues abruties sous le poids des murailles Les plans retraceront cette topographie Les archives créeront cette chronologie La mort s'affirme pure au creux des brèches sèches Le sable se répand sur les jardins majeurs Et l'école écroulée aspire mon enfance Squelettes d'épiciers squelettes de tailleurs Cadavre dispersé de la vieille libraire On a tué tous les murs on a tué la lumière Déjà des souvenirs commençaient à crever On a tué tous les murs bétail supplémentaire Je meurs par tout quartier La ville tout entière Saute dans le matin en petites poussières Dont l'une fut mon cour dont l'autre fut ma main Et ma tête et mon pied et mes cahiers scolaires Et l'angoisse et le pain et les jeux et la nuit Un balai un balai pour toute la poussière Je suis si mort déjà que je puis rire aux larmes Et la mer lessivait ce qui veut bien blanchir |
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Raymond Queneau (1903 - 1976) |
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Portrait de Raymond Queneau | |||||||||
ChronologieQueneau est un véritable acrobate. Toute sa vie il a jonglé entre littérature et mathématiques, malice et gravité, tendresse et dérision, érudition et innocence, humour et amertume. Curieux de tout, il a eu également une ambition encyclopédique ( la liste des livres qu'il a lus et souvent relus, établie par lui même, comporte environ 10 000 titres) et une volonté d'effectuer une recherche permanen |
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