Remy de Gourmont |
Main qui chantais, main qui parlais, Main qui étais comme une personne, Main amoureuse qui savais Comment on prend, comment on donne ; Main sur laquelle on a pleuré Comme d'une fontaine fraîche, Main sur laquelle on a crié D'amour, de joie ou de détresse ; Main qui reçus les confidences Que la peur fait à la volupté, Main de calme et d'impatience, Main de grâce et de volupté ; Main que des dents ont mordue Et que des ongles ont déchirée Dans leur frénésie ingénue, Main que des lèvres ont pansée ; Main des rêves, main des caressses, Main des frissons, main des tendresses, Main de la ruse et de l'adresse, O main, maîtresse des maîtresses ; Main qui donnas tant de joies A tant de chairs éperdues, O main comme de la soie Sur les belles poitrines nues ; Ô main, toi qui avais une âme Pour l'heure douce du désir, Et qui avais encore une âme A l'heure âpre du plaisir, Ô main, tu trembles encore aux souvenirs charnels ! Afin que tu éprouves des tendresses nouvelles, Je te donne à l'amie qui régit mon destin : Ses yeux sont des fleurs vives, ses cheveux sont des ailes, Son esprit se promène, songeur et incertain. Sois sage, ô main trop tendre, et cache le passé Sous tes ongles, aux replis secrets de tes jointures, Comme je cache au fond de mon vieux cour blessé Le souvenir sacré de belles meurtrissures. Ô main, je te regarde avec mélancolie. |
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Remy de Gourmont (1858 - 1915) |
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Portrait de Remy de Gourmont | |||||||||
BiographieRemy de Gourmonl est né le 4 avril 1858 à Bazoche-en-Houlmes (Orne). |
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