Remy de Gourmont |
L'odeur des jacynthes vibrait dans l'encens, l'orgue avait des plaintes à troubler les saintes, l'odeur des jacynthes vibrait dans l'encens. L'église ancienne s'endormait dans un mystère, Crypte où d'obscurs martyrs reposent en poussière, Salle de manoir féodal ; Nous étions là, dans l'ombre, assis tous deux, les plinthes d'un pilier nou.; cachaient ; vous aviez des jacynthes, fleur au parfum impérial. L'odeur des jacynthes vibrait dans l'encens, l'orgue avait des plaintes à troubler les saintes, l'odeur des jacynthes vibrait dans l'encens. Un peu de ta main brûlait dans ma main, par nos doigts ardents le fluide humain passait en nos chairs, noyait nos pensées, et, cours galopants, gorges oppressées, nos désirs prenaient le même chemin. Ils allaient, dépassant la voûte, vers la rive où jamais le doute en sa frêle nef n'aborda, mais, ô lamentable déroute ! ils se sont querellés en route et la raison les rencontra. L'odeur des jacynthes vibrait dans l'encens, l'orgue avait des plaintes à troubler les saintes, l'odeur des jacynthes vibrait dans l'encens. Et je songeais : Comment tenir à la tempête Sans ce bras pour gouvernail, et sans cette tête pour étoile, comment tenir à la tempête sans elle ? Et je songeais encore : Quel serait mon soleil sans la caresse, et la splendeur, et le vermeil éclat de ses cheveux, quel serait mon soleil sans elle ? Il ferait nuit sans la clarté de ses yeux bleus ; la pourpre des matins pâlirait dans mes deux, plus de midis, sans la clarté de ses yeux bleus, sans elle. Avec elle, la vie est un puissant parfum dont l'émanation berce et ranime l'un et l'autre de mes jours : quel serait leur parfum, sans elle ? Pour elle, il n'est ni mal, ni souffrance, ni deuil qu'on ne porte avec joie, ayant passé le seuil de sa maison : il n'est que souffrance et que deuil, sans elle. Par elle, je veux vivre, et par elle mourir : ma force est le baiser qui me fait défaillir et me marque au fer chaud, car il faudrait mourir, sans elle. En elle, j'ai mis tout, jusqu'à mon infini : l'univers est à moi, quand sa bouche a souri, et Dieu n'est qu'un fantôme, il n'est pas d'infini, sans elle. L'odeur des jacynthes vibrait dans l'encens, l'orgue avait des plaintes à troubler les saintes, l'odeur des jacynthes vibrait dans l'encens. Un peu de ta main brûlait dans ma main, par nos doigts ardents le fluide humain passait en nos chairs, noyait nos pensées et cours galopants, gorges oppressées, nos désirs prenaient le même chemin. Ainsi, chère, ta vie a passé dans la mienne, Plus rien ne demeure en moi qui ne t'appartienne : Je voudrais le graver en toi, qu'il t'en souvienne, Ainsi, chère, ma vie a passé dans la tienne. L'odeur des jacynthes vibrait dans l'encens, l'orgue avait des plaintes à troubler les saintes, l'odeur des jacynthes vibrait dans l'encens. " mai . |
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Remy de Gourmont (1858 - 1915) |
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Portrait de Remy de Gourmont | |||||||||
BiographieRemy de Gourmonl est né le 4 avril 1858 à Bazoche-en-Houlmes (Orne). |
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