René Char |
Je te découvrirai à ceux que j'aime, comme un long éclair de chaleur, aussi inexplicablement que tu t'es montrée à moi, Jeanne, quand, un matin s'astreignant à ton dessein, tu nous menas de roc en roc jusqu'à cette fin de soi qu'on appelle un sommet. Le visage à demi masqué par ton bras replié, les doigts de ta main sollicitant ton épaule, tu nous offris, au terme de notre ascension, une ville, les souffrances et la qualification d'un génie, la surface égarée d'un désert, et le tournant circonspect d'un fleuve sur la rive duquel des bâtisseurs s'interrogeaient. Mais je te suis vite revenu, Faucille, car tu consumais ton offrande. Et ni le temps, ni la beauté, ni le hasard qui débride le cceur ne pouvaient se mesurer avec toi. J'ai ressuscité alors mon antique richesse, notre richesse à tous, et dominant ce que demain détruira, je me suis souvenu qui tu étais Anoukis I'Etreigneuse, aussi fantastiquement que tu étais Jeanne, la sour de mon meilleur ami, et aussi inexplicablement que tu étais l'Etrangère dans l'esprit de ce misérable carillonneur dont le père répétait autrefois que Van Gogh était fou. |
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René Char (1907 - 1988) |
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Portrait de René Char | |||||||||
Biographie / OuvresRené Char est né le 14 juin 1907 à L'Isle-sur-la-Sorgue dans le Vaucluse. Principaux ouvrages |
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