René Char |
Qu'est-ce qui nous consolerait? Quel besoin de l'être? L'homme et le temps nous ont tout révélé. Le temps n'est point votif et l'homme n'accomplit que des desseins ruineux. Désir d'un cour dont le seuil ne se modifie pas. Nous allions prendre ce que nous convoitions. Mais la main qui brillait se rendait, semblait laide. A verte fontaine, fruits souvent meurtris. Notre sommeil était un loup entre deux attaques. Nous avions allongé puissamment le chemin. Ne menait nulle part. Nous avions multiplié les étincelles. Enfin où menait-il? Aux brumes dissipées, au brouillard rappelé. Et la nature entière était frappée de pandémie. Le meilleur était durant quelque moment le crime en personne. Astres et désastres, comiquement, se sont toujours fait face en leur disproportion. Des hommes de proie bien civilisés s'employaient à mettre le masque de l'attente fortunée sur le visage hébété du malheur. O les termes de leur invitation! O le galbe porcin de leur prospérité! Seul, de nouveau, avec cet appelant au loin, si évasif? Temps, mon possédant et mon hôte, à qui offres-tu, s'il en est, les jours heureux de tes fontaines? A celui qui vient en secret, avec son odeur fauve, les vivre auprès de toi, sans fausseté, et pourtant trahi par ses plaies irréparables? |
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René Char (1907 - 1988) |
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Portrait de René Char | |||||||||
Biographie / OuvresRené Char est né le 14 juin 1907 à L'Isle-sur-la-Sorgue dans le Vaucluse. Principaux ouvrages |
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