René Char |
Les civilisations sont des graisses. L'Histoire échoue, Dieu faute de Dieu n'enjambe plus nos murs soupçonneux, l'homme feule à l'oreille de l'homme, le Temps se fourvoie, la fission est en cours. Quoi encore ? La science ne peut fournir à l'homme dévasté qu'un phare aveugle, une arme de détresse, des outils sans légende. Au plus dément : le sifflet de manouvres. Ceux qui ont installé l'éternel compensateur, comme finalité triomphale du temporel, n'étaient que des geôliers de passage. Ils n'avaient pas surpris la nature tragique, intervallaire, saccageuse, comme en suspens, des humains. Lumière pourrissante, l'obscurité ne serait pas la pire condition. Il n'y avait qu'une demi-liberté. Tel était l'octroi extrême. Demi-liberté pour l'homme en mouvement. Demi-liberté pour l'insecte qui dort et attend dans la chrysalide. Fantôme, tout juste souvenir, la liberté dans l'émeute. La liberté était au sommet d'une masse d'obéissances dissimulées et de conventions acceptées sous les traits d'un leurre irréprochable. La liberté se trouve dans le cour de celui qui n'a cessé de la vouloir, de la rêver, l'a obtenue contre le crime. |
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René Char (1907 - 1988) |
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Portrait de René Char | |||||||||
Biographie / OuvresRené Char est né le 14 juin 1907 à L'Isle-sur-la-Sorgue dans le Vaucluse. Principaux ouvrages |
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