René Char |
Ils prennent pour de la clarté le rire jaune des ténèbres. Ils soupèsent dans leurs mains les restes de la mort et s'écrient : « Ce n'est pas pour nous. » Aucun viatique précieux n'embellit la gueule de leurs serpents déroulés. Leur femme les trompe, leurs enfants les volent, leurs amis les raillent. Ils n'en distinguent rien, par haine de l'obscurité. Le diamant de la création jette-t-il des feux obliques ? Promptement un leurre pour le couvrir. Ils ne poussent dans leur four, ils n'introduisent dans la pâte lisse de leur pain qu'une pincée de désespoir fromen-tal. Ils se sont établis et prospèrent dans le berceau d'une mer où l'on s'est rendu maître des glaciers. Tu es prévenu. Comment, faible écolier, convertir l'avenir et détiser ce feu tant questionné, tant remué, tombé sur ton regard fautif? Le présent n'est qu'un jeu ou un massacre d'archers. Dès lors fidèle à son amour comme le ciel l'est au rocher. Fidèle, méché, mais sans cesse vaguant, dérobant sa course par toute l'étendue montrée du feu, tenue du vent; l'étendue, trésor de boucher, sanglante à un croc. |
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René Char (1907 - 1988) |
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Portrait de René Char | |||||||||
Biographie / OuvresRené Char est né le 14 juin 1907 à L'Isle-sur-la-Sorgue dans le Vaucluse. Principaux ouvrages |
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