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René Daumal



Feu aux artifices - Poéme


Poéme / Poémes d'René Daumal





Les manèges tournent

avec leurs carrosses de plâtre doré,

les sirènes aux cheveux jaunes soufflent

de leurs grandes poitrines creuses,

le malheur entre dans la ville,

parmi les palais bâtis par des fous,

le malheur entre dans les châteaux de cartes,

dans les carcasses de plâtre des maisons,

dans les manèges dorés.



Mettons le feu à la cité,

les sirènes du manège flambent,

les couleurs de leurs joues se rehaussent,

le malheur, main de fer, demeure,

parmi les rires de braises,

et l'odeur du carton verni

qui brûle rose.

La main de fer demeure

plus brûlante et plus sûre,

beau malheur luisant dans les cendres,

dernière certitude, que caches-tu dans ta paume ?

ouvre les doigts, main dure mais solide,

que je pose mon front brûlé

dans ta chair vive et ferme,

saignante de soleil tueur.

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René Daumal
(1908 - 1944)
 
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