Renée Vivien |
C'est l'heure du réveil. Soulève tes paupières. Au loin la luciole aiguise ses lumières, Et le blême asphodèle a des souffles d'amour. La nuit vient : hâte-toi, mon étrange compagne, Car la lune a verdi le bleu de la montagne, Car la nuit est à nous comme à d'autres le jour. Je n'entends, au milieu des forêts taciturnes, Que le bruit de ta robe et des ailes nocturnes, Et la fleur d'aconit, aux blancs mornes et froids, Exhale ses parfums et ses poisons intimes. Un arbre, traversé du souffle des abîmes, Tend vers nous ses rameaux, crochus comme des doigts. Le bleu nocturne coule et s'épand. À cette heure, La joie est plus ardente et l'angoisse est meilleure, Le souvenir est beau comme un palais détruit. Des feux follets courront le long de nos vertèbres, Car l'âme ressuscite au profond des ténèbres, Et l'on ne redevient soi-même que la nuit. |
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Renée Vivien (1877 - 1909) |
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Portrait de Renée Vivien | |||||||||
Biographie / chronologie11 juin 1877 naissance à Londres de Pauline Tarn, qui choisira plus tard le pseudonyme de Renée Vivien. Son père, rentier, est d'origine anglaise. Sa mère est américaine. Enfance partagée entre Londres et Paris. |
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