Robert Desnos |
Est-il poitrine, où batte un cour de chair et flamme, Qu'une lame, ou la griffe, aille ouvrir et piller, Est-il océan, lac ou fleuve que la rame, Ou l'hélice, aille en flots, sans trace, éparpiller, Est-il poitrine ou fleuve ou lac ou océan Ou terre, aussi fendue à renfort de charrues, Qui ne puissent livrer des moissons et, béants, Le noyé, le poisson, l'épave disparue? Mieux, le trésor caché, le bijou, l'or, la gemme, Plutôt que le cadavre et le vide tombeau Et, plutôt que l'épi, né du grain que l'on sème, Le métal par la rouille échappant au corbeau. Quel poignard fouillera votre ventre et vos seins, Rosemonde Sabine, Hyppolite, Andromède? Quel chercheur d'or, quel outlaw, quel assassin En vous dépossédant dira qui vous possède? Qu'il illumine les ténèbres des cavernes, Qu'il jaillisse du flanc d'une épave, à vau-l'eau, Ou qu'une source apporte, aux lumières modernes, L'éclat des vieux soleils serti dans un joyau, Que le profil d'un roi, sans regard, sans odeur S'y multiplie en vain contre la pourriture, Ou que l'heure s'y Use, à des cadrans à fleurs, Mais arrêtée au seuil d'une longue aventure, Qu'importe, jaillissant des conques et des cornes, Il recèlera plus de chair que de métaux, Une chair odorante, aux corridors sans bornes Vers une aube brillant comme un fil de couteau. L'homme, au moment qu'il sent la saveur des cailloux Dans sa bouche, habituée à la saveur des lèvres, Arrête le voyage, au rythme de son pouls Commencé dès les jours de jeunesse et de fièvres. Il se sent désormais soudé à sa monture, Centaure poursuivant un gibier reconnu Insaisissable. Il le poursuit, dans ses pâtures, Non plus par besoin, mais par désir, d'inconnu. Ivresse! Le courant, le cortège, les jours Le font participer au mouvement du monde. Au-delà de la joie, au-delà du retour La vie et le destin le portent sur leurs ondes. Mais vous, où courez-vous, femmes en proie à l'âge, Quelle image de vous guettez-vous aux miroirs Chaque jour plus profonds, encombrés de naufrages, Quel trésor cherchez-vous pour payer votre espoir? Le carnaval s'approche avec ses cheveux blancs Et le trésor, cherché à travers les années, Ce sont des grelots creux et des masques branlants Qui vous cachent le sol sur quoi vous êtes nées. |
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Robert Desnos (1900 - 1945) |
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Portrait de Robert Desnos | |||||||||
BiographieVIE DE ROBERT DESNOS BibliographieRobert Desnos, the son of a café owner, was born on July 4, 1900, in Paris. He attended commercial college, and then worked as a clerk before becoming a literary columnist for the newspaper Paris-Soir. He first published poems in the Dadaist magazine Littérature in 1919, and in 1922 he published his first book, Rrose Selavy, a collection of surrealistic aphorisms. While on leave in Morocco from hi |
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