Robert Desnos |
Le corridor s'allonge à perte d'âme Félicité reine des rêves Une bouteille qui s'ouvre libère un colibri poursuivi par la Justine divine Ceci est notre couteau Ceci est notre cerveau Ceci est votre chemin Tremblante haleine des filles : échelles d'où descendent de longues caravanes de flammes La locomotive dit que c'est elle qui a dérobé le portefeuille De toutes parts les amies montèrent à l'assaut Le dentiste hésitait entre un baiser et un colibri le même Quand il se releva qu'il était vieux L'évêque consacre les artichauts devant le nouveau Dieu attaché à un aimant Une colline singulière du crime et châtiment Le cycliste saute et retombe à reculons dans la vie Ce jour-là la mer extérieure fut supprimée par décret de grands décombres s'entrouvrirent sur des chemins d'ébène L'informe logique astique ses meubles à la moelle des os Ricanement nom d'une vierge dans une rue dans une maison dans une salle à manger ils sont à table tous les trois mais les plats et les bouteilles s'emplissent au fur et à mesure qu'ils mangent nous sommes ainsi trois ou quatre cygnes de proie qui nageons sur le bois verni vers des perspectives de fleurs fleurs fanées ne vous réincarnez pas Le jardinier de son pouce matricule vous donne un nom ridicule Le phonographe recommence pour la trente et unième fois l'énumération de mes idées, depuis la naissance du monde intérieur vous qui souffrez rappelez-vous que telles sont mes dernières volontés ! Un bouf chaque soir viendra sur ma tombe meugler et le matin les femmes de mon chemin d'ébène s'étrangleront avec mes cravates! La caravelle est morte, l'horizon replié Qui ferme ainsi la porte quand je veux oublier J'ai passé fois le double océan noir Où nagent les requins aux yeux tristes et vermeils Mais les rouges soleils qui se couchent le soir N'ont jamais éclairé mes paumes fraternelles. Où sont les fous à lier. J'ai crevé leurs prunelles Tous les fous par milliers vous reparleront d'elles Le requin qui se noie en regardant le soir N'a jamais soupçonné la lointaine merveille Dont les yeux des amants qui sont morts après boire Auraient pu lui confier le secret à l'oreille Ô dieux des anciens jours à vos vieilles potences J'ai placé le drapeau couleurs la démence Et j'ai plongé mes doigts dans les flots silencieux. Écoutez les cloches, déboulez les roches. Les réverbères de chaque côté de la rue s'éteignent à l'heure où je me lève. Mais nul ne les rallume à l'heure où je me couche. Taisez-vous, taisez-vous, fois, la cloche qui sonnera, la campanule qui criera, comme crient les animaux à gueule large. La mer, le fleuve, le ciel, les astres. Tout au bout des raquettes. Ah! il n'était que heures. Voici la petite lumière, trop petite pour les doigts des petites filles, le bracelet, le ciel, les astres et tout, tout, tout. O my boy, where is the sky. Je lui ai répondu que les réverbères étaient éteints. Les flots à pleine gueule avalent ta merde et masturbe-toi. Ta peinture sera comme ta cervelle, plus opaque que le pied droit d'une vieille demoiselle. Et la mort liquide Mais où est l'autre vierge au bord des autres deux J'accrocherai la corde au lampadaire étrange Où se brûle son aile, un beau troupeau des anges. Mais l'église est splendide où dorment les parfums Amour poète défunt Ô deux j'ai sanctifié le destin des départs En plantant clous au drap des étendards. Mais les deux n'ont pas vu le sang bleu de la soie Ni le vautour de marbre au banquet de mon foie. J'ai traversé le pont, puis la rue attentive Le prêtre à me bénir a perdu ses hosties La maîtresse aux beaux yeux la douce et fugitive De la dté des morts m'a montré la sortie Sachez donc que je suis, vieux palmier, vieux désert L'ange fois ailé dont les mains battantes Ont laissé de leur plume à la porte battante Et la mort me connaît mais je suis au dessert, Au dessert de la chair des vautours de l'Amour Et l'amour des vautours n'a pas plié son front Sur le marbre des tours. La dissection des crânes La vivisection des cerveaux Le partage des viscères La solution des pensées Le secret des énigmes Le chloroforme des morts Les vaccins du rêve Les ampoules à cauchemar Les ventouses à idéal Et le grand service de l'enterrement des vivants Le laborat à ressusdter La table des morsures L'oreiller des moralistes L'édredon des dieux Le sommier sans soupirs L'affûtage des scalpels à pensées La meule à souvenirs et la lime à voluptés. |
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Robert Desnos (1900 - 1945) |
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Portrait de Robert Desnos | |||||||||
BiographieVIE DE ROBERT DESNOS BibliographieRobert Desnos, the son of a café owner, was born on July 4, 1900, in Paris. He attended commercial college, and then worked as a clerk before becoming a literary columnist for the newspaper Paris-Soir. He first published poems in the Dadaist magazine Littérature in 1919, and in 1922 he published his first book, Rrose Selavy, a collection of surrealistic aphorisms. While on leave in Morocco from hi |
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