Robert Sabatier |
Sur ce rivage où la vague repose Vont les enfants éblouis de jadis. Entends leurs cris. Des femmes les appellent. L'oiseau répond que les enfants sont morts D'avoir voulu marcher au fond des eaux. As-tu vécu dans les châteaux de sable Quand l'océan riait de les lécher ? Des vaisseaux noirs avec pour cargaison Des fauves d'or arrachés aux abysses Portent menace à la face du ciel. La mer, la mer, ses lois de requin-tigre. La mer, ce fauve à l'affût de la chair, Qui la chantait au fond des coquillages ? Elle si bonne et même tutélaire N'était que rage et paroles de griffes. Tête de mort, la mer, tête de meurtre, Cour de serpent sous cette peau luisante, Sous ses beautés toujours inspiratrices D'éternité sur les lèvres du vent, La mer ogresse en quête de naufrages. Sur ce rivage il resterait des heures Pour écouter les murmures berceurs, Ce vieux poète élevant de vieux hymnes. Moi, je ne vois que des morts en cortège Venus poser sur le sable leurs os. Et je t'insulte avec des mots de pierre, Vieille matrone en oripeaux de cour,_ Enfantant l'homme afin de s'en repaître Et nous jetant ses clichés à la face Comme crachats sur la face du jour. |
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Robert Sabatier (1923 - ?) |
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Portrait de Robert Sabatier | |||||||||
BiographieIl a écrit des romans, des essais, des recueils d'aphorismes et de poésies. Élu à l'Académie Goncourt en 1971, ainsi qu'à l'Académie Mallarmé. Il est l'auteur d'une Histoire de la Poésie française. Élevé à Montmartre, puis dans le quartier du Canal Saint-Martin, il a raconté son enfance dans les séries du roman d'Olivier, dont les Allumettes Suédoises, porté à l'écran par Jacques Ertaud, assura un |
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