Roger Gilbert-Lecomte |
Je frappe comme un sourd à la porte des morts Je frappe de la tête qui gicle rouge On me sort en bagarre on m'emmène Au commissariat Rafraîchissement du passage à tabac Les vaches Ce n'est pas moi pourtant Qui ai commencé A la porte des morts que je voulais forcer Si je suis défoncé saignant stupide et blême Et rouge par traînées C'est que je n'ai jamais voulu que l'on m'emmène Loin des portes de la mort où je frappais De la tête et des pieds et de l'âme et du vide Qui m'appartiennent et qui sont moi Mourez-moi ou je meurs tuez-moi ou je tue Et songez bien qu'en cessant d'exister je vous suicide Je frappe de la tête en sang contre le ciel en creux Au point de me trouver debout mais à l'envers Devant les portes de la mort Devant les portes de la mer Devant le rire des morts Devant le rire des mers Secoué dispersé par le grand rire amer Épars au delà de la porte des morts Disparue Mais je crie et mon cri me vaut tant de coups sourds Qu'assommé crâne en feu tombé je beugle et mords Et dans l'effondrement des sous-sols des racines Tout au fond des entrailles de la terre et du ventre Je me dresse à l'envers le sang solidifié Et les nerfs tricoteurs crispés jusqu'à la transe Piétinez piétinez ce corps qui se refuse A vivre au contact des morts Que vous êtes pourris vivants cerveaux d'ordures Regardez-moi je monte au-dessous des tombeaux Jusqu'au sommet central de l'intérieur de tout Et je ris du grand rire en trou noir de la mort Au tonnerre du rire de la rage des morts |
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Roger Gilbert-Lecomte (1907 - 1943) |
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Portrait de Roger Gilbert-Lecomte | |||||||||