Roger Giroux |
(extraits) L'automne vient. Comme si je n'existais pas. Et je ne sais s'il se souvient... Et ma parole n'a d'espace Que cette ligne imaginaire Où mon visage l'emprisonne. Et j'ai beau me pencher sur les eaux du poème, Je ne vois qu'un oiseau, qui s'éloigne de moi Vers un songe d'hiver. J'habite un paysage inhabité Dans la légende de l'été. Et la neige, immobile, se penche Sur mes lèvres, devenues blanches. Elle interroge cette absence Venue d'elle. Elle oublie jusqu'au ciel. Et peut-être les mots sont-ils de pures apparences Entre le ciel et mon visage... Il neige, Hors du spectre. Et mes yeux n'osent plus respirer. L'âme perd toute connaissance, Et la mesure de ce pays. Et je me désunis. Visage aveugle de se taire... Quelle vitre pourtant ne se briserait D'être si lente aux lèvres! ô l'idée de la source, un chant Qui se refuse en elle, cette beauté Qu'elle n'espère plus... La couleur de la mer est semblable au matin. Le ciel est plein d'oiseaux que le vent a laissés. Des navires sont là, des bateaux et des barques. Et les fruits, calmes, Attendent que l'été leur donne la lumière. Et nous allons, par l'invisible porte. Et dans les grandes vallées bleues du cour Où la mémoire n'atteint pas Une voile s'approche, entre les apparences. Et fait signe de taire le nom du paysage. Et les arbres s'éloignent dans l'automne Et recouvrent nos pas de leurs vagues mourantes. Une ombre va, dans les collines, Et puis, que reste-t-il de ce pays, qu'un peu de neige Qui tombe, dans le creux de la main ? L'impossible silence accomplit son espace, Et voici, lentement, mon image détruite. Mes yeux perdent le souvenir, Et mon visage meurt, de miroir, d'absence. Comme, au bord de la branche, un songe dans sa fleur |
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Roger Giroux (1925 - 1974) |
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Portrait de Roger Giroux | |||||||||