Saint-John Perse |
Et les servantes de ma mère, grandes filles luisantes... El nos paupières fabuleuses... Ô clartés ! ô faveurs ! Appelant toute chose, je récitai qu'elle était grande, appelant toute bête, qu'elle était belle et bonne. Ô mes plus grandes (leurs voraces, parmi la feuille rouge, à dévorer tous mes plus beaux insectes verts ! Les bouquets au jardin sentaient le cimetière de famille. Et une très petite sour était morte : j'avais eu, qui sent bon, son cercueil d'acajou entre les glaces de trois chambres. Et il ne fallait pas tuer l'oiseau-mou-che d'un caillou... Mais la terre se courbait dans nos jeux comme fait la servante, celle qui a droit à une chaise si l'on se lient dans la maison. ... Végétales ferveurs, ô clartés ô faveurs !... Et puis ces mouches, cette sorte de mouches, vers le dernier étage du jardin, qui étaient comme si la lumière eût chanté ! ... Je me souviens du sel, je me souviens du sel que la nourrice jaune dut essuyer à l'angle de mes yeux. Le sorcier noir sentenciait à l'office : « Le monde est comme une pirogue, qui, tournant et tournant, ne sait plus Sl le vent voulait rire ou pleurer... » Et aussitôt mes yeux tâchaient à peindre un monde balancé entre les eaux brillantes, connaissaient le mât lisse des fûts, la hune sous les feuilles, et les guis et les vergues, les haubans de liane, où trop longues, les fleurs s'achevaient en des cris de perruches. |
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Saint-John Perse (1887 - 1975) |
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Portrait de Saint-John Perse | |||||||||