Samuel Beckett |
Fin de partie contient de nombreuses allusions culturelles: tantôt à la mythologie de l'Antiquité, tantôt à des ouvres littéraires et philosophiques, tantôt enfin à la religion chrétienne. Ces allusions sont parfois brèves, précises ou, à l'inverse, déformées et caricaturées. LES RÉFÉRENCES MYTHOLOGIQUES Hamm qui, dans sa jeunesse, a peut-être fait des études classiques, avec grec et latin, cite quelques-unes des très nombreuses divinités de l'Antiquité, mais toujours dans une intention humoristique. Dieux et déesses Rêvant d'un vert paradis « derrière la montagne », Hamm évoque « avec extase » Flore, Pomone et Cérès (p. 54), trois divinités de la nature et de la fécondité. Chez les Romains, Flore était la déesse des grains, des fruits et surtout des fleurs. Pomone, qui lui est souvent associée, provoquait le retour des saisons et favorisait la maturation des fruits. Quant à Cérès, elle faisait pousser le blé, symbole de civilisation, et elle assurait l'abondance des récoltes. Racontant l'arrivée du gueux chez lui, Hamm précise par ailleurs qu'il « faisait ce jour-là, je me le rappelle, un soleil vraiment splen-dide, cinquante à l'héliomètre », mais qu'« il plongeait déjà, dans la... chez les morts » (p. 69-70). La précision est intéressante à double titre. L'idée d'un séjour des morts appartient à la religion grecque puis romaine: à leur décès, les humains rejoignaient les Enfers où régnait le dieu Hadès. Hamm parle toutefois non des hommes, mais du soleil qui « plongeait chez les morts ». C'est également une formule antique. Convaincus que le Soleil tournait autour de la Terre, les Anciens pensaient que le Soleil mourait chaque soir pour renaître chaque matin. Des références humoristiques Inattendues, ces allusions créent un effet de surprise amusée. Au milieu de la pénurie générale que connaît le refuge, l'évocation des déesses de l'abondance est une forme d'humour noir. Pas plus que Clov, Hamm ne croit en effet à leur existence, et encore moins à leur domiciliation de l'autre côté de la montagne. C'est pour lui une manière de se moquer de la disette dont ils sont victimes. Quant au séjour des morts, sa mention est tout aussi humoristique. D'abord parce qu'en voisinant dans la même phrase avec «l'héliomètre», elle provoque un anachronisme1: l'héliomètre2 est en effet une lunette qui fut inventée seulement au xvur siècle. Ensuite parce que Hamm ne croit sûrement pas que le Soleil descende chez les morts. Celui-ci joue avec ses souvenirs scolaires ou de lecture. Mais comme ces souvenirs sont sans rapport avec le contexte, ils prennent aussitôt une coloration comique. LITTÉRATURE ET PHILOSOPHIE Les références et les emprunts aux ouvres littéraires sont à la fois plus fréquents et plus divers. L'intention parodique3 y est souvent évidente. Une parodie de la littérature anglaise Exaspéré par le bavardage de ses parents, Hamm s'écrie: « Mon royaume pour un boueux ! » (p. 36). Par son exagération, l'exclamation fait sourire. Son « royaume » n'est en effet qu'un refuge étroit, dénué de toutes ressources. Hamm dit pourtant qu'il est prêt à le donner contre les services d'un « boueux », d'un éboueur, qui le débarrasserait des poubelles où croupissent Nell et Nagg. La réaction est cruelle, mais la forme en est comique par le contraste existant entre |
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Samuel Beckett (1906 - 1989) |
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Portrait de Samuel Beckett | |||||||||
BiographieSamuel Beckett naît en Irlande le 13 avril 1906 à Foxrock dans la banlieue sud de Dublin. Ses parents appartiennent à la bourgeoisie protestante de la ville et lui donnent une éducation très stricte. |
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