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Nagg et Nell


Poésie / Poémes d'Samuel Beckett





Nagg et Nell sont le père et la mère de Hamm. Comme Hamm et Clov, ils sont complémentaires. Ils le sont même tellement qu'entre eux les ressemblances s'accumulent au point d'être presque des sosies. Ils donnent ainsi l'apparence d'un couple encore uni, qui. pourtant, est déjà en voie de désagrégation.



UN COUPLE DE PRESQUE SOSIES

Sur le plan dramaturgique, Nagg et Nell ont même apparence ; ils connaissent la même déchéance et échangent parfois les mêmes répliques. Ils sont donc à tous égards très semblables.



Une même apparence



Leurs patronymes sont similaires. Nagg et Nell sont grammaticalement des monosyllabes débutant par la même consonne, possédant chacun une seule voyelle et s'achevant sur un doublement de consonnes (-* problématique 13).

Leur similitude ne s'arrête pas à leurs noms. Elle est aussi vestimentaire et physique. Nagg porte « un bonnet de nuit » et a un « teint très blanc » (p. 21); Nell. de son côté, est coiffée d'un « bonnet de dentelle » et possède également un « teint très blanc » (p. 27).

Tous deux habitent enfin des poubelles dont ils émergent de la même façon : « Le couvercle d'une des poubelles se soulève et les mains de Nagg apparaissent, accrochées au rebord. Puis la tête émerge » (p. 21). La didascalie relative à l'apparition de Nell est identique au mot près (p. 27). S'il ne s'agissait pas d'un homme et d'une femme, on pourrait les prendre pour des jumeaux.



Une même déchéance

À la différence de Hamm et Clov qui sont tous deux handicapés mais qui ne souffrent pas des mêmes handicaps (-* problématique 1), Nagg et Nell sont, eux, atteints des mêmes infirmités: ce sont deux culs-de-jatte, victimes du même « accident de tandem ' » (p. 29).

Leur déchéance physique continue par ailleurs de s'accentuer de manière parallèle: l'un et l'autre voient . plonge dans [sa] poubelle », tandis que Nell .. ne bouge pas » (p. 36). C'est le dernier geste qu'ils accomplissent ensemble. Et ce geste est dépareillé, comme s'il annonçait la plongée de chacun dans la solitude.



Sans avenir possible

Proche ou différée, la mort est leur unique perspective. Le temps qui les sépare de l'anéantissement ne constitue pas un répit, ni même une période dont profiter. Il accentue au contraire leur déchéance. «Hier», Nagg avait encore sa dent (p. 28); désormais, il ne l'a plus. « Hier » encore, Nell pouvait « gratter » Nagg « dans le dos » (p. 32); aujourd'hui, elle ne le peut plus. Le temps est irrémédiablement destructeur. Au mieux, il prolonge les souffrances; au pire, il les accroît (-»problématique 11).

C'est pourquoi Nell parle toujours d'« hier » sur un ton « élé-giaque » (p. 28 et 32). L'élégie est l'expression de la mélancolie, de la tristesse, de la plainte. Comment Nell pourrait-elle parler autrement de ce temps qui passe et qui apporte misère et mort?

Nagg a, lui, un espoir, mais un espoir à la fois sombre et limité: celui de vivre assez longtemps pour entendre son fils crier de peur et l'appeler (p. 75). C'est dire la solitude qui est la sienne.



Sans refuge autre que le passé

Le retour au passé devient dans ces conditions le seul refuge possible. N'ayant plus rien à attendre, Nell et Nagg ne peuvent que ressasser leur voyage sur les bords du lac de Côme, quand ils avaient encore leurs « guibolles ». Mais ce retour au passé est à double tranchant.

D'un côté, il souligne leur complicité, l'ancienneté de leur union.

Mais d'un autre côté, il suggère que, depuis ce voyage et leur accident, rien ne s'est produit qui vaille la peine d'être évoqué. Pas même la naissance de Hamm, ni son éducation. À entendre Nagg, il ne semble d'ailleurs pas qu'ils aient été de bons parents:

Qui appclais-tu, quand m étais tout petit et avais peur dans la nuit ? Ta mère ? Non. Moi. On te laissait crier. Puis on t'éloigna, pour pouvoir dormir. [Un temps.) Je dormais, j'étais comme un roi, et tu m'as fait réveiller pour que je t'écoute. Ce n'était pas indispensable, tu n'avais pas vraiment besoin que je t'écoute. D'ailleurs je ne t'ai pas écouté, (p. 75)

Nagg et Nell forment ainsi un couple paradoxal. Plus il apparaît uni sur scène et moins il l'est de l'intérieur. C'est un couple vidé d'émotions et de projets, un couple mort, ou presque mort, qui se rappelle avoir jadis existé.



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Samuel Beckett
(1906 - 1989)
 
  Samuel Beckett - Portrait  
 
Portrait de Samuel Beckett

Biographie

Samuel Beckett naît en Irlande le 13 avril 1906 à Foxrock dans la banlieue sud de Dublin. Ses parents appartiennent à la bourgeoisie protestante de la ville et lui donnent une éducation très stricte.

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