RÉSUMÉ
Clov ramasse le chien en peluche qui traîne à terre et le donne a Hamm. Il cherche à faire un peu de rangement, puis ne voyant plus très bien à quoi il sert, décide soudain de quitter Hamm. Celui-ci le retient en lui disant qu'il sert à lui « donner la réplique » (p. 78). Clov entre donc dans le jeu et demande à Hamm s'il a avancé son histoire. Hamm le corrige: il ne s'agit pas d'une histoire, mais d'un roman, qu'il a effectivement un peu avancé. Il en donne aussitôt la suite: au gueux venu demander du pain pour son enfant, « on » a offert « une place de jardinier » (p. 79). Clov éclate de rire. Le gueux, poursuit Hamm, a ensuite demandé s'il pourrait garder « son petit avec lui » (p. 80). Hamm s'arrête, épuisé par l'«effort créateur» (p.81) qu'il vient de faire. Clov va vérifier que Nell est bien morte. Dans le fond de sa poubelle, Nagg pleure: c'est donc qu'il vit encore. A une question de Hamm, Clov répond ne pas se souvenir d'avoir jamais été heureux.
Le refus du romanesque
Si on ne sait toujours pas si l'histoire que raconte Hamm est un roman ou une autobiographie, on ne sait pas davantage si l'enfant du jardinier est Clov. Comme cet enfant, Clov a en effet été recueilli. Comme lui, il était alors trop petit pour se souvenir de son arrivée au refuge. Comme lui enfin, Clov pourrait avoir eu un père jardinier, puisqu'il essaie de faire germer des graines. Mais Clov parle de cet enfant au conditionnel passé: « Il aurait grimpé aux arbres », « Et puis il aurait grandi » (p. 80). Il en parie comme d'un autre, et même comme si cet enfant n'avait pas vécu longtemps. De nouveau, le passé des personnages reste flou, impossible à reconstituer, comme si ceux-ci n'avaient jamais vécu, ou si peu. De fait, Clov n'a pas de souvenir, pas même de souvenirs heureux.
Le refus du romanesque s'exprime également par le médiocre romancier qu'est Hamm. Ses qualités d'imagination sont quasi inexistantes. Il invente peu, écrit encore moins, mais ce peu l'épuisé.
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