Serge Sautreau |
Je n'ai ni feu ni loi ni dogme Je suis seulement cette vieille douleur qui hurle par les yeux L'espace Sombre à l'horizontale de votre sacrée danse d'angles et de becs C'est la douleur seule qui danse - pas vous, Abalochas Ni vous ni ce que vous appelez Moi Douleur brute Douleur pure Engoulevents et carapaces Elle danse de tous ses masques De tous ses rythmes immobiles Et vous croyez danser Et vous croyez Et vous projetez Je meurs en chaque foudre et chaque orange - Dansez, Abalochas Allumez tuez les grands trous noirs Le vent se tait il emporte la jungle Pourquoi écoutez-vous ce qui jamais ne s'écoute ? Pourquoi n'écoutez-vous pas? Ëtes-vous sans pourquoi ? Y eut-il jamais de l'écouteur dans l'écoute? Douleur d'Abalocha Entendre A la fin est-il son ? Vous savez vous y prendre, vous savez vous y perdre Dansez, Abalochas En me soignant à la torture En m'humanisant à moelle Me crucifiant sans le moindre hasard Me bouddhifiant dans le sourire à main de cheval Me shivaïsant, m'étiquetant, me dhambalaîsant Vous pliez ma jambe et ne me voyez pas - Vous ne tenez rien en me voyant Douleur, douleur Je ne suis pas l'ombrelle du funambule sur chute noire Je suis seulement ce que ta danse allume, Abalocha Je suis la chance la seule : blessée à mort La perfusion universelle vous vacille les jambes Mais ce que vous cherchez, hommes des tuyauteries fourchues N'est pas une statue à recoudre Ni la silhouette blanche des galaxies en fuite Ni la Très-Vieille la Tenace - la douleur - Nie la douleur, Abalocha Et vous, Abalochas des Abalochas, niez-la Niez la mort avec Si vous pouvez Moi, Dhambala, même Moi, votre danse même votre illusion Je meurs Je meurs à tout instant je meurs El. vous priez exorcisez pensez et inventez Vous fusez et infusez, Abalochas De conjurations en placebos Et je meurs Et vous pouvez danser jusqu'à la fin des gouffres Et sur tous les sommets je meurs Vous pouvez accomplir les rites Explorer les mondes Les impostes les impasses les impossibles Les passages d'inaccès Les métaphores d'entre vos vies vos ombres Je meurs Seul debout De ne jamais l'être Je meurs pour ne pas renaître où vous m'attendez Je meurs je n'accède pas je ne suis pas la naissance Autre que sonde dans la poitrine Qu'éblouissement au centre vide Sans mot ni geste en toutes mains et langues Je souffre vos dix mille morts vos divines sciences et phénix Je souffre de toutes vos cendres Vos images vos tabous vos totems Et l'aberrant piétinement natal des astres Je meurs et vous dansez Comme si je n'avais jamais cessé de mourir Pour que vous dansiez Dansez Abalochas la Chose est immobile Vous me perdez en m'invoquant Vous vous perdez en m'inventant Vous et moi sommes D'avant le feu C'est la douleur seulement la douleur qui nous le danse Échos brisés dans le secret des avalanches Vous les inidées les arcanes Vous, Abalochas venues à l'aube reptilienne En couperets de lianes en mythes en catachrèses Vous n 'existez pas ni Dhambala ni les îles ni les Mais votre danse nous lie A la beauté de ce que nul oil ne voit Nous sommes au monde : nous n'en sommes pas Un cri sans cri traverse Ce goût de terre et d'herbe que prend parfois l'amour Ce goût de vent d'embruns que prend parfois la mort Abalochas Abalochas c'est cette douleur Et nous l'aimons |
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Serge Sautreau (1943 - 2010) |
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