Siméon-Guillaume de La Roque |
Sous les ombres du bois, au bord d'une fontaine, Passant et ma tristesse et la chaleur des jours, Je trouvai la beauté cause de mes amours Qui me fit dans le cour une plaie inhumaine. Par ce prompt accident, je vois ma mort prochaine, Je vois ma mort prochaine, éloigné de secours, D'autant que les rochers et les arbres sont sourds, Et que rien ne l'accuse et n'allège ma peine. Je ne vois dans ces bois, dans ces eaux nul support Que l'image d'Amour et celle de la Mort, Qui volent parmi l'air et qui nagent ensemble. Hé! donc au parlement de la terre et des deux, Ces deux témoins seront récusés, ce me semble, Car la Mort est muette et l'Amour est sans yeux. ô misérable vie! ici bas agitée Comme sont les vaisseaux errant dessus les flots, Sujette au trait fatal de la fière Atropos ', Des lâches ignorants si chère et souhaitée. Un chacun se propose en son âme flattée De posséder son bien, d'en jouir en repos, Mais leur espoir s'enfuit au vent de ces propos : Car le temps nous abuse en forme d'un Protée. ô vie! ô triste mort! en langueur finissant, Rude, fière et tragique en son règne glissant, Vie enfin que le temps, et la fortune envie, Quand nous te regrettons, hélas ! nous avons tort, Vu qu'il n'est rien ici de moins sûr que la vie, Ni de plus assuré que l'arrêt de la mort. |
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Siméon-Guillaume de La Roque (1551 - 1611) |
Portrait de Siméon-Guillaume de La Roque |