wikipoemes
paul-verlaine

Paul Verlaine

alain-bosquet

Alain Bosquet

jules-laforgue

Jules Laforgue

jacques-prevert

Jacques Prévert

pierre-reverdy

Pierre Reverdy

max-jacob

Max Jacob

clement-marot

Clément Marot

aime-cesaire

Aimé Césaire

henri-michaux

Henri Michaux

victor-hugo

Victor Hugo

robert-desnos

Robert Desnos

blaise-cendrars

Blaise Cendrars

rene-char

René Char

charles-baudelaire

Charles Baudelaire

georges-mogin

Georges Mogin

andree-chedid

Andrée Chedid

guillaume-apollinaire

Guillaume Apollinaire

Louis Aragon

arthur-rimbaud

Arthur Rimbaud

francis-jammes

Francis Jammes


Devenir membre
 
 
auteurs essais
 
left_old_somall

Simone de Beauvoir

right_old_somall

La plus jolie existentialiste


Poésie / Poémes d'Simone de Beauvoir





Fin janvier 1947, Castor prend l'avion pour New-York, où elle retrouve les Gerassi. Son itinéraire prévoit de nombreuses conférences dans les universités, et une traversée du pays jusqu'en Californie. Les journalistes la mitraillent de questions sur l'existentialisme et Jean-Paul Sartre. C'est le reporter du New Yorker qui, craignant de rencontrer une ennuyeuse théoricienne, a cette exclamation étonnée : « Mademoiselle de Beauvoir est la plus jolie existentialiste qu'on ait jamais vue ; elle est intense, douce, modeste, et aussi contente qu'un habitant du Midwest de ses deux semaines à New-York. » Fidèle à sa vieille habitude, elle parcourt des kilomètres à pied ; elle épuise ses amis et les effraie parfois par le choix de ses itinéraires. Ne sachant pas si elle reviendra un jour, elle veut tout voir.

Elle retrouve Richard Wright, l'écrivain noir américain, et sa femme Ellen, qui est blanche, rencontrés l'année précédente à Paris. Ils lui font visiter Harlem et découvrir concrètement les problèmes raciaux des Etats-Unis. Ses conférences sur la responsabilité de l'écrivain dans le monde et la théorie existentialiste sont appréciées, et ses relations avec les universitaires très cordiales. Les étudiantes des universités féminines sont impressionnées par son indépendance et ses conceptions modernes de l'éducation des filles. Avant de partir, Simone a une dernière exigence : elle veut voir Dolorès, qui s'apprête à séjourner à Paris avec Sartre les quatre prochains mois. Stépha (qui n'a jamais vu DolorèS) est chargée d'organiser la rencontre qui se déroule dans un bar. Les deux femmes n'échangent que quelques mots, puis Dolorès s'en va. Simone, comme si de rien n'était, reprend la conversation avec ses amis, rassurée peut-être de connaître le visage de son adversaire.



Fin février, elle se trouve à Chicago pour à peine deux jours. Sur les conseils de Mary Guggenheim, une jeune universitaire américaine, elle appelle Nelson Algren, un écrivain qui dans ses romans décrit la vie des bas quartiers de sa ville. Son accent français est si fort qu'Algren raccroche trois fois, croyant à une erreur, avant que l'opératrice lui explique la situation et lui passe la communication. Ils décident de se retrouver dans un bar et passent la soirée ensemble. Ils ont envie de se revoir, bien que l'accent de Simone et le langage imagé de Nelson aient rendu leur conversation compliquée. Nelson Algren est un bel homme, mais il a la réputation d'être difficile, rebelle à toute mondanité, à toute concession sociale. Il a passé sa jeunesse sur les routes, traversant son pays durant toute la grande dépression de 1929 avant de se fixer à Chicago avec une seule obsession : écrire. Son roman le plus célèbre, L'Homme au bras d'or, paraît cette année-là et recevra le prix Pulitzer en 1949. Il emmène Simone rencontrer les truands, les drogués, les prostituées des quartiers pauvres. Il lui fait visiter une prison et lui montre la chaise électrique. Sur les trente-six heures qu'elle passe à Chicago, ils ne se séparent que pour la durée de ses conférences et se quittent avec tristesse, sans savoir s'ils se reverront.



L'étape suivante, c'est la côte Ouest. À Los Angeles, Castor retrouve Natacha et Ivan Moffatt. Avec eux elle visite les studios de cinéma de la RKO (Radio Keith OrpheuM) et ébauche un projet d'adaptation de son roman Tous les hommes sont mortels avec George Stevens, l'associé de Frank Capra et William Wyler. Ils séjournent ensuite à Las Vegas, où les joueurs obsessionnels fascinent Simone.



Elle regagne New-York fin avril, retrouve ses amis et noue de nombreuses autres relations. Chaque soir il y a une réception chez quelqu'un, un dîner, un cocktail. L'image des Américaines n'en ressort pas grandie pour Castor, qui se demande quel plaisir elles éprouvent à se donner tant de mal pour cuisiner, recevoir, servir, alors qu'il existe des bars et des restaurants. Elle se retrouve souvent la seule à participer aux conversations des hommes. Plus tard, elle dira regretter d'avoir ainsi participé à l'exclusion des femmes de la conversation intellectuelle. Ces observations sont un des points de départ du Deuxième sexe.

Les réflexions de la philosophe vont cependant s'effacer devant l'impatience de l'amoureuse. Décidément, elle ne peut accepter l'idée de quitter l'Amérique sans avoir revu Nelson. Elle lui écrit donc pour lui demander de la rejoindre à New-York, et prévient Sartre qu'elle reste une semaine de plus que prévu, ajoutant même que cela fera sûrement plaisir à Dolorès. Nelson accepte l'invitation ; pendant deux semaines ils ne se quittent pas et ne voient personne. La jolie existentialiste française et le beau rebelle américain s'aiment profondément. Elle s'occupe de lui « exactement comme toutes ces femmes américaines dont je m'étais moquée pour la façon dont elles dorlotaient leurs maris »*. Le 17 mai, il l'accompagne jusqu'à son taxi. Sur le chemin de l'aéroport, elle pleure tant que le chauffeur lui demande si elle quitte son mari pour longtemps.



Avant son départ, Nelson a offert à Simone une bague, un large anneau d'argent ciselé qu'elle porte en permanence. Il lui a aussi remis des exemplaires dédicacés de ses romans. De retour à Paris, elle pense sans cesse à son amour américain, lui écrit des lettres enflammées, mais finit par se résoudre à reprendre son rôle de chef de famille. « Il va falloir réapprendre la France et rentrer dans ma peau. » : telle est la conclusion de L'Amérique au jour le jour, le récit de son voyage.

Car pendant son absence, Dolorès s'est installée et compte bien épouser Sartre. Pour la première fois, un amour contingent réclame la place d'honneur. Et Castor n'est pas là pour y mettre bon ordre, car elle joue les petites grenouilles (Nelson l'appelle sa Frog wife, son épouse grenouillE) de l'autre côté de l'océan. C'est un soulagement pour la famille de la voir revenir : comme d'habitude, elle va prendre les choses en main et rétablir la situation. Sartre leur a fait comprendre qu'il comptait sur Castor pour le protéger de Dolorès. Alors qu'il multiplie les liaisons plus ou moins durables, il n'a pas l'habitude d'être entraîné dans une véritable passion, et la longue absence de Castor lui fait mesurer à quel point il tient à leur pacte, et combien il a besoin de sa présence.



Il faut trouver une solution qui remette le petit monde de Saint-Germain des Prés sur ses pieds. Prenant comme prétexte le besoin de se retrouver dans l'intimité après une longue séparation, Sartre et Castor s'installent dans une auberge de la vallée de Chevreuse pour un mois. Dolorès, furieuse et malheureuse, repart pour New-York; la vie peut reprendre son cours. Pendant ces vacances improvisées, les deux écrivains consolident leur pacte : leur entente intellectuelle, presque professionnelle est nécessaire, vitale. L'amour profond que Simone ressent pour Algren devra respecter cette alliance.

Pour Sartre et Beauvoir, la fin des années 40 est une période très productive. Castor écrit son récit de voyage aux États-Unis, des dizaines de lettres à Nelson, fait d'importantes recherches pour son essai sur les femmes et réfléchit à un prochain roman. L'accueil plus que tiède fait à Tous les hommes sont mortels l'a profondément marquée, et elle se demande comment aborder une nouvelle ouvre de fiction. Tous les deux ont en plus la charge des Temps Modernes, ce qui signifie comités de rédaction, de lecture et soucis administratifs. Pour la première fois depuis longtemps, ils partagent tout : le récit de leurs vies sentimentales et le travail quotidien.

En 1948, Frog wife retourne à Chicago, où l'attend son Crocodile. Leur amour est toujours intense, bien que Nelson ait du mal à accepter qu'elle ne veuille pas tout quitter pour venir vivre à Chicago. Lorsqu'elle arrive, elle a publié des extraits de L'Amérique au jour le jour et du Deuxième sexe dans les Temps Modernes. Elle est encore plus célèbre qu'avant ; sa liberté, son non-conformisme séduisent Algren et, le temps d'un voyage, ils oublient les obstacles à leur relation. De Cincinnati, ils descendent le Mississippi dans un bateau à aube, font des haltes dans le vieux Sud, et poussent jusqu'au Mexique et au Guatemala. Peu à peu l'atmosphère se dégrade : Nelson a compris qu'elle ne restera pas. Sartre a besoin d'elle pour le travail, elle part. Pourquoi ne veut-il pas venir vivre à Paris ? Rien ne le retient, lui, il n'a pas d'autre amour. Il ne peut écrire nulle part ailleurs qu'à Chicago, répond-il. La discussion est sans issue, les rôles sont inversés : d'habitude, c'est la femme qui suit l'homme...



À peine rentrée, Frog wife reprend sa correspondance avec son « mari américain » ; de son côté, il lui envoie des lettres passionnées dans lesquelles il parle de mariage et d'enfants. C'est le moment que choisit Dolorès pour venir voir Sartre, qui l'emmène passer un mois dans le Midi. Le travail commun se trouve reporté, Simone propose à Nelson de revenir, il lui répond qu'il a trop de travail. Au retour de Sartre, ils s'offrent un voyage en tête-à-tête pour reprendre des forces. Les amours américaines, quand elles ont le caractère entier d'Algren, s'accommodent mal de la contingence.

En 1949, Simone obtient enfin de Nelson qu'il vienne à Paris. Engagé pendant la guerre, il y a déjà séjourné à la Libération. Cette fois-ci, il peut jouer les touristes : Simone fait pour lui ce qu'il a fait pour elle à Chicago, elle lui fait découvrir sa ville. Depuis quelques mois elle habite un studio qu'elle a décoré de leurs souvenirs de voyage, rue de la Bûcherie. « Ce sera notre chez-nous, aucun autre homme que vous n'y couchera », lui écrit-elle dans ses Lettres à Nelson Algren. Son entourage n'en peut plus d'impatience de rencontrer enfin le Crocodile américain. Françoise, à laquelle il envoie régulièrement des colis de nourriture (le rationnement a encore cours en FrancE) comme un gendre officiel le ferait, n'est pas la moins curieuse.

Nelson est immédiatement et unanimement adopté. Il craint la rencontre avec Sartre, mais celui-ci brise la glace en lui serrant vigoureusement la main avant de l'entraîner dans une conversation incompréhensible - Algren ne parle pas un mot de français. Michelle Vian, qui parle très bien l'anglais, lui sert d'interprète ; Olga noue avec lui une amitié qui durera bien après sa rupture avec Simone. Pendant son séjour parisien, c'est un tourbillon de soirées, de rendez-vous avec tout ce que la rive gauche compte d'intellectuels et d'artistes. C'est aussi, au mois de juin, la sortie du tome I du Deuxième sexe. Les extraits parus dans les Temps Modernes avaient défrayé la chronique, mais auprès d'un public relativement restreint. La sortie en librairie fait l'effet d'une bombe.

En une semaine, Gallimard est en rupture de stock. Les lettres d'admiration, d'injures pleuvent. Dans la rue, des inconnus viennent lui jeter des insultes au visage ou la remercier. Algren, dont la susceptibilité est légendaire, admire le calme de Simone. Les amoureux trouvent un peu de repos dans un voyage qui les mène de l'Italie à l'Afrique du Nord. En septembre, ils passent encore une quinzaine de jours à Paris, puis c'est la séparation, rendue moins douloureuse par la promesse mutuelle de passer quatre mois ensemble l'année suivante.

Contact - Membres - Conditions d'utilisation

© WikiPoemes - Droits de reproduction et de diffusion réservés.

Simone de Beauvoir
(1908 - 1986)
 
  Simone de Beauvoir - Portrait  
 
Portrait de Simone de Beauvoir

Ouvres

Née dans une famille bourgeoise et catholique, Simone de Beauvoir entreprend, à l'âge de 17 ans, des études de lettres et de mathématiques. En 1926, elle adhère à un mouvement socialiste et suit des cours de philosophie à la Sorbonne pour préparer le concours de l'agrégation. C'est à cette époque qu'elle fait la connaissance de Jean-Paul Sartre, qui fréquente le même groupe d'étudiants qu'elle. Dé

Bibliographie sÉlective


mobile-img