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Nouvelles amitiés, nouvelle famille


Poésie / Poémes d'Simone de Beauvoir





Pour Sartre et Beauvoir les années 60 sont, plus encore que les précédentes, des années de voyages et de rencontres. Ils se rendent en URSS, dans plusieurs pays de l'Est, en Egypte, au Japon. En octobre 1963, ils sont à Rome quand Simone reçoit un appel de Bost. Sa mère est tombée, elle s'est cassé le col du fémur : on l'a transportée à l'hôpital. Ce qui inquiète surtout Françoise, c'est de savoir quand elle pourra remarcher et reprendre sa vie sociale bien remplie. Elle apprend l'allemand et l'italien, travaille comme bénévole dans des associations charitables, a de nombreux amis ; tout le monde admire son excellente santé et sa gaieté, et elle a l'intention de sortir le plus vite possible.



La fracture ne présente pas de complications, mais Françoise est prise de violentes douleurs abdominales. Contraints d'opérer, les médecins découvrent un cancer de l'intestin très avancé; il n'y a plus rien à faire. Hélène et Simone, en accord avec l'hôpital, cachent la vérité à leur mère. Françoise croit qu'on l'a opérée d'une péritonite, et que son hospitalisation se prolonge à cause de sa fracture. Rapidement son état se dégrade ; ses filles ont beau essayer de la rassurer, elle souffre et elle a peur. Les médecins cherchent avant tout la survie du malade, même au prix de traitements lourds, douloureux et finalement inutiles. Simone découvre l'impuissance des malades et la toute puissance de ceux qui les soignent. Elle doit batailler chaque jour pour que sa mère reçoive des doses de morphine suffisantes pour calmer la douleur. Hélène raconte dans ses Souvenirs l'acharnement d'un des médecins à continuer une perfusion particulièrement douloureuse qui ne pouvait pourtant plus rien guérir.



Ces quelques semaines au chevet de leur mère rapprochent les deux sours. Depuis la fin de la guerre, Hélène et Lionel, qui est attaché culturel, ont vécu à Vienne, à Belgrade, à Casablanca, à Milan. Ils sont à présent fixés à Goxwiller, un petit village alsacien, où ils ont acheté une vieille ferme en ruines qu'ils rénovent peu à peu. Hélène expose régulièrement ses toiles, surtout à l'étranger, et Lionel travaille au Conseil de l'Europe à Strasbourg. Simone et Sartre reprochent à Lionel sa participation à la vie politique officielle, son ralliement au général de Gaulle. Simone ne comprend pas sa cadette, mariée, inséparable de Lionel, artiste mais maîtresse de maison accomplie. Hélène est parfois blessée de sentir la réprobation de son aînée, mais lui voue toujours une grande admiration ; de son côté Simone, même si elle ne la comprend pas, est toujours prête à soutenir sa sour.

Dans cette chambre d'hôpital, elles refont connaissance, se découvrent des indignations communes. Elles ne peuvent supporter l'humiliation, la souffrance inutile, l'arrogance de ceux qui détiennent un pouvoir sur la vie des autres. Elles se remémorent leur enfance, leur jeunesse, éprouvent une grande compassion pour leur mère, à la fois pour sa situation présente et pour sa vie si longtemps faite de frustration et de ressentiment. Elles décident ensemble d'exiger des médecins la quantité nécessaire de morphine pour faire cesser les souffrances de leur mère.



Françoise qui s'inquiétait tant pour l'âme de ses enfants refuse de voir un prêtre et de recevoir les derniers sacrements : « Bien sûr, je voudrais aller au ciel, mais pas toute seule, pas sans mes filles. » Simone l'explique ainsi : « Maman aimait la vie comme je l'aime et elle éprouvait devant la mort la même révolte que moi. (...) La religion ne pouvait pas plus pour ma mère que pour moi l'espoir d'un succès posthume. Qu'on l'imagine céleste ou terrestre, l'immortalité, quand on tient à la vie, ne console pas de la mort. ».

Après l'enterrement, Simone se rend avec Sartre en Tchécoslovaquie. À son retour, elle éprouve le besoin d'écrire sur sa mère. Elle ne raconte pas seulement la maladie et la mort, mais revient aussi sur la vie de Françoise, sur son enfance étouffée par les préjugés et les conventions. Elle se réconcilie avec cette mère adorée puis rejetée : « Il n'était pas en mon pouvoir d'effacer les malheurs d'enfance qui condamnaient maman à me rendre malheureuse et à en souffrir en retour. Car si elle a empoisonné plusieurs années de ma vie, sans l'avoir concerté je le lui ai bien rendu. » Une mort très douce, écrit en décembre 1963, témoigne de la difficulté des relations entre une mère et sa fille, et de l'amour qui subsiste malgré tout. Ce récit amorce aussi une réflexion sur la façon dont la société traite ses vieillards et le lien entre les générations, publiée en 1970 sous le titre La Vieillesse.



Durant l'année 1964, le succès de ses ouvres en France et à l'étranger lui vaut d'innombrables demandes de préfaces, de conférences et d'articles. Elle s'efforce d'y répondre tout en continuant à relire les travaux de Sartre et à l'accompagner dans tous ses voyages. Ils sont à Rome lorsque leur parvient la rumeur : le prix Nobel serait décerné à Sartre. « Que ferez-vous si vous recevez le prix ? » lui demande un journaliste. Il ne répond pas directement, ne sachant pas s'il doit prendre la rumeur au sérieux. Pour Simone, c'est une reconnaissance méritée : Camus a eu le Nobel sept ans plus tôt, il est grand temps que Sartre reçoive cette consécration.

La famille, mise au courant, s'enthousiasme à son tour. Lorsque son entourage comprend que Sartre a l'intention de refuser le prix, c'est la stupéfaction. Comme toujours, Simone prend fait et cause pour lui. Personne en dehors du cercle des intimes ne connaît ses intentions. Début octobre, il écrit aux jurés du Nobel pour leur demander de ne pas lui attribuer le prix et leur expliquer les raisons de son refus. La lettre arrive-t-elle trop tard ? Le 22 octobre, Sartre reçoit le prix Nobel de littérature. Robert Gallimard exulte jusqu'à ce que Castor lui téléphone : la décision de Sartre est irrévocable, il refuse. Gallimard emmène alors le philosophe chez un journaliste suédois correspondant à Paris, Carl-Gustav Bjurstrôm, auquel Sartre accorde sa seule interview officielle.

Ses motivations sont politiques : il reproche au Nobel de n'avoir jamais récompensé un auteur communiste, soviétique non dissident ou militant de gauche. Il pourrait se féliciter d'être le premier lauréat du genre, il préfère, dit-il, refuser d'être un alibi commode pour la bourgeoisie occidentale. De mauvaises langues font circuler des raisons bien différentes : Sartre vieillit et ne prend plus vraiment ses décisions, Beauvoir l'a poussé à refuser le prix par jalousie. En réalité Simone apporte son soutien inconditionnel à Sartre, comme elle l'a toujours fait et le fera toujours.



Le refus de Sartre provoque un énorme scandale. Pendant des semaines, il est poursuivi par des journalistes qui veulent en connaître les vraies raisons, et Simone joue à la fois les gardes du corps et les attachées de presse. Pour qu'il puisse écrire et se reposer - sa santé déjà précaire est encore fragilisée par l'excès de médicaments et d'alcool -, elle le conduit souvent chez Ariette Elkaïm ; il aime travailler chez elle et y passe de plus en plus de temps. Simone apprécie cette jeune fille qui aime sincèrement Sartre et ne s'interpose jamais entre elle et lui. Sa présence attentive permet à Castor de continuer à travailler l'esprit tranquille. Pour elle, Ariette est simplement un nouveau membre de la famille.



À la fin du mois de janvier 1965, Bost rassemble tout son courage et vient annoncer à sa vieille amie une nouvelle ahurissante : Sartre a fait une demande auprès des tribunaux pour adopter Ariette. Jamais il n'a fait part à Simone de ce projet. Abasourdie, Simone prend conscience de ce que cela signifie : Ariette sera la seule dépositaire de tous les manuscrits de Sartre, la seule propriétaire de tous leurs souvenirs, elle portera son nom. Castor a tout de même besoin de quelques explications. Sartre les lui donne au cours d'un déjeuner : elle et lui ont le même âge, ils n'ont pas d'enfants. Qui héritera de leur ouvre et garantira son intégrité ? Et puis, l'adoption donne à Ariette la nationalité française et la sécurité. Comme toujours, Simone fait face : lorsque l'adoption est prononcée en mars, elle s'est portée garante avec Lanzmann pour Sartre et boit à la santé de la nouvelle mademoiselle Sartre et de son père.

L'adoption reste confidentielle, très peu de gens sont au courant, même si la rumeur court. Le couple Sartre-Beauvoir continue à voyager ensemble, en apparence rien n'a changé. En réalité, l'équilibre de la famille en est subtilement modifié. Michelle Vian et Wanda, dont le lien avec Sartre est ancien, ne comprennent pas cette décision et se tournent vers Simone. Peu à peu, le cercle familial se déplace vers Castor, alors qu'autour de Sartre gravitent de plus en plus de jeunes gens, étudiants et militants politiques. Durant la même période, Algren met un terme définitif à leur amitié, furieux de voir leur histoire dévoilée en détail dans les mémoires.



Alors que Nelson disparaît de sa vie, Castor approfondit une amitié commencée en 1960 avec une jeune philosophe, Sylvie Le Bon. Sylvie avait alors dix-huit ans et préparait l'agrégation de philosophie. Lors de leur première rencontre naît une grande sympathie : la jeune fille vient d'un milieu semblable à celui de Simone, et, comme elle, souhaite s'en échapper. Mais Sylvie est mineure*, et ses parents n'apprécient guère son amitié pour une femme de trente ans plus âgée qu'elle, et de fort mauvaise réputation. Le souvenir du scandale causé par madame Sorokine, la mère de Natacha, est encore vif, et Simone préfère prendre ses distances. Qu'importe : contrainte et forcée, Sylvie attend patiemment chez ses parents, à Rennes, et dès qu'elle est majeure, rompt avec sa famille. Elle revient alors à Paris et retrouve Simone. Leur amitié se renforce ; Sylvie est un véritable alter ego à qui Castor peut parler de son travail, de sa vie. Agrégée, la jeune femme tient à exercer son métier de professeur : elle débute au lycée Jeanne-d'Arc de Rouen, puis est nommée en région parisienne.

La famille, d'abord étonnée de la place qu'occupe la nouvelle venue, l'intègre. Sartre voit dans l'arrivée de Sylvie une compensation à l'adoption d'Ariette, et espère un temps qu'ils pourront vivre harmonieusement tous les quatre. Mais les deux jeunes femmes ont peu en commun, et restent chacune d'un côté du couple. Tous ceux qui pensent que Beauvoir imite Sartre se font un plaisir de raconter que Sylvie n'est là que pour faire pendant à Ariette. D'autres cherchent à démontrer que malgré tout ce qu'elle a pu écrire sur la maternité, Simone a besoin d'exercer sa fibre maternelle. D'autres encore les voient comme un couple. Elles ne répondent à personne et refuseront toujours de donner des explications sur leur vie privée. Ce qui est certain, c'est que très vite Simone la présente comme quelqu'un d'aussi important dans sa vie que Sartre.



Entre les deux philosophes le pacte existe toujours. Pour le public, le couple qu'ils forment reste un exemple de liberté et de longévité, et le restera encore très longtemps. Jusqu'à la fin des années 60, ils voyagent ensemble, passent plusieurs mois au Japon en 1966, sont invités officiellement en Egypte et en Israël en 1967. Ils prennent position contre la guerre au Vietnam, poursuivent leurs traditionnels séjours en Italie. Mais la santé de Sartre est de plus en plus fragile, et son médecin lui recommande de ralentir son rythme de vie. Ariette, très présente, s'occupe de lui et le soigne. Peu à peu sa « jeune garde » l'isole de Castor.

Mai 68 redonne de l'énergie à Sartre, qui va parler aux étudiants, aux ouvriers. Beauvoir et lui observent avec bienveillance et enthousiasme ce mouvement de la jeunesse. Ils espèrent qu'il en sortira une société plus libre. Leurs engagements sont parallèles mais plus tout à fait les mêmes. Simone est de plus en plus sollicitée par des actions pour les droits des femmes, l'entourage de Sartre est surtout composé de militants d'extrême gauche dont les combats sont essentiellement politiques. Elle observe Mai 68 sur le vif : « Jamais (...) je n'aurais pu imaginer pareille fête. On flânait, on causait, on écoutait les discussions. (...) Jeunes, vieux, tout le monde fraternisait. » Mais début juin, la violence l'a emporté, la situation se dégrade. Deux ans plus tard, elle écrit : « J'avoue ne pas être de ces intellectuels que Mai 68 a profondément ébranlés. »



Pour Simone, l'apport essentiel de cette révolution avortée, c'est le féminisme militant. Les femmes qui ont participé au mouvement se sont aperçues que les hommes faisaient à la tribune les discours qu'elles avaient tapés à la machine, qu'ils discutaient politique pendant qu'elles faisaient le café et la vaisselle. La lutte dont parlent les hommes n'est pas celle des femmes : pour eux, il faut d'abord transformer la société, la condition des femmes s'améliorera naturellement ensuite. Les féministes pensent que leur propre révolution doit se faire indépendamment, puisqu'au sein même des mouvements contestataires les hommes ne les traitent pas à égalité.

Le roman Les belles images publié en 1966 et le recueil de nouvelles La femme rompue publié en 1968 parlent de femmes plus que de politique. Bien sûr les héroïnes de Simone ont des idées, se définissent selon leur milieu social ; mais ce sont d'abord des femmes, de tous âges et conditions, qui cherchent leur place dans une société qui n'est pas faite pour elles. Les lectrices ne s'y trompent pas et lui écrivent pour lui demander comment elle peut décrire aussi précisément leur propre vie. Des critiques moins aimables voient dans l'histoire de ces femmes aux prises avec l'âge et la relation amoureuse un autoportrait. On lui reproche aussi de noircir la réalité. « C'est parce que je refuse les fuites et les mensonges qu'on m'accuse de pessimisme ; mais ce refus implique un espoir : celui que la vérité peut servir ; c'est une attitude plus optimiste que de choisir l'indifférence, l'ignorance, les faux-semblants. »



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Simone de Beauvoir
(1908 - 1986)
 
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Portrait de Simone de Beauvoir

Ouvres

Née dans une famille bourgeoise et catholique, Simone de Beauvoir entreprend, à l'âge de 17 ans, des études de lettres et de mathématiques. En 1926, elle adhère à un mouvement socialiste et suit des cours de philosophie à la Sorbonne pour préparer le concours de l'agrégation. C'est à cette époque qu'elle fait la connaissance de Jean-Paul Sartre, qui fréquente le même groupe d'étudiants qu'elle. Dé

Bibliographie sÉlective


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