Théophile de Viau |
... Sus, ma Corine! que je cueille Tes baisers du matin au soir ! Vois, comment pour nous faire asseoir, Ce myrte a laissé choir sa feuille ! Ois le pinson et la linotte, Sur la branche de ce rosier ; Vois branler leur petit gosier, Ois comme ils ont changé de note ! Approche, approche, ma Dryade ! Ici murmureront les eaux ; Ici les amoureux oiseaux Chanteront une sérénade. Prête-moi ton sein pour y boire Des odeurs qui m'embaumeront; Ainsi mes sens se pâmeront Dans les lacs de tes bras d'ivoire. Je baignerai mes mains folâtres Dans les ondes de tes cheveux, Et ta beauté prendra les voeux De tes oeillades idolâtres. Ne crains rien, Cupidon nous garde. Mon petit ange, es-tu pas mien ? Ah ! je vois que tu m'aimes bien : Tu rougis quand je te regarde. Dieux ! que cette façon timide Est puissante sur mes esprits ! Renaud ne fut pas mieux épris Par les charmes de son Armide. Ma Corine, que je t'embrasse ! Personne ne nous voit qu'Amour ; Vois que même les yeux du jour Ne trouvent ici point de place. Les vents qui ne se peuvent taire, Ne peuvent écouter aussi, Et ce que nous ferons ici Leur est un inconnu mystère. |
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Théophile de Viau (1590 - 1626) |
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Portrait de Théophile de Viau | |||||||||