Théophile de Viau |
(fragment) Parmy ces promenoirs sauvages J'oy bruire les vents et les flots, Attendant que les mattelots M'emportent hors de ces rivages. Icy les rochers blanchissans Du choc des vagues gemissans, Hérissent leurs masses cornues Contre la cholere des airs, Et présentent leurs testes nues À la menace des esclairs. J'oy sans peur l'orage qui gronde, Et fust ce l'heure de ma mort, Je suis prest à quitter le port En dépit du Ciel et de l'onde. Je meurs d'ennuy de ce loisir : Car un impatient désir De revoir les pompes du Louvre Travaille tant mon souvenir, Que je brusle d'aller à Douvre, Tant j'ay haste d'en revenir. Dieu de l'onde, un peu de silence ; Un Dieu faict mal de s'esmouvoir, Fais moy paroistre ton pouvoir À corriger ta violence. Mais à quoy sert de te parler, Esclave du vent et de l'air, Monstre confus, qui de nature Vuide de rage et de pitié, Ne monstres que par advanture Ta haine, ny ton amitié ? |
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Théophile de Viau (1590 - 1626) |
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Portrait de Théophile de Viau | |||||||||