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Théophile Gautier



La bonne soirée - Poéme


Poéme / Poémes d'Théophile Gautier





Quel temps de chien ! - il pleut, il neige ;
Les cochers, transis sur leur siège,

Ont le nez bleu.
Par ce vilain soir de décembre,
Qu'il ferait bon garder la chambre,

Devant son feu !

A l'angle de la cheminée
La chauffeuse capitonnée

Vous tend les bras
Et semble avec une caresse
Vous dire comme une maîtresse,

«
Tu resteras ! »

Un papier rose à découpures.

Comme un sein blanc sous des guipures.

Voile à demi
Le globe laiteux de la lampe
Dont le reflet au plafond rampe,

Tout endormi.


On n'entend rien dans le silence
Que le pendule qui balance

Son disque d'or,
Et que le vent qui pleure et rôde,
Parcourant, pour entrer en fraude.

Le corridor.


C'est bal à l'ambassade anglaise ;
Mon habit noir est sur la chaise,

Les bras ballants ;
Mon gilet bâille et ma chemise
Semble dresser, pour être mise,

Ses poignets blancs.


Les brodequins à pointe étroite
Montrent leur vernis qui miroite,

Au feu placés ;
A côté des minces cravates
S'allongent comme des mains plates

Les gants glacés.


II faut sortir ! - quelle corvée !
Prendre la file à l'arrivée

Et suivre au pas
Les coupés des beautés altières
Portant blasons sur leurs portières

Et leurs appas.


Rester debout contre une porte
A voir se ruer la cohorte

Des invités ;
Les vieux museaux, les frais visages.
Les fracs en cour et les corsages

Décolletés ;


Les dos où fleurit la pustule,

Couvrant leur peau rouge d'un tulle

Aérien ;
Les dandys et les diplomates,
Sur leurs faces à teintes mates,

Ne montrant rien.


Et ne pouvoir franchir la haie

Des douairières aux yeux d'orfraie

Ou de vautour,
Pour aller dire à son oreille
Petite, nacrée et vermeille,

Un mot d'amour !


Je n'irai pas ! - et ferai mettre

Dans son bouquet un bout de lettre

A l'Opéra.
Par les violettes de
Parme,
La mauvaise humeur se désarme :

Elle viendra !


J'ai là l'Intermezzo de
Heine,

Le
Thomas
Grain-d'Orge de
Taine,

Les deux
Concourt ;
Le temps, jusqu'à l'heure où s'achève
Sur l'oreiller l'idée en rêve.

Me sera court.

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Théophile Gautier
(1811 - 1872)
 
  Théophile Gautier - Portrait  
 
Portrait de Théophile Gautier

Biographie

Théophile Gautier fait ses études aux lycées Louis-le-Grand et Charlemagne. Il se lie avec Gérard de Nerval, qui l'introduit dans les milieux littéraires. Optant pour la poésie, Gautier fonde le 'Petit Cénacle' en 1830 et publie son premier recueil de Poésies. En 1833, un recueil de contes 'Les Jeune-France' et la préface de son premier roman 'Mademoiselle de Maupin' (1835) dénoncent avec esprit e

Orientation bibliographique

Diverses notices me font naître à Tarbes, le 31 août 1808. Cela n'a rien d'important, mais la vérité est que je suis venu au monde où je devais faire tant de copie, le 31 août 1811... - Ses ascendants proviennent de tous les coins de France. Pierre-Julcs-Théophile aura deux sours cadettes qui ne le lâcheront plus jusqu'à sa mon. Son père étant nommé chef de bureau aux octrois de Paris en 1814, les

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