Théophile Gautier |
De leur col blanc courbant les lignes, On voit dans les contes du Nord, Sur le vieux Rhin, des femmes-cygnes Nager en chantant près du bord, Ou, suspendant à quelque branche Le plumage qui les revêt, Faire luire leur peau plus blanche Que la neige de leur duvet. s De ces femmes il en est une', Qui chez nous descend quelquefois, Blanche comme le clair de lune Sur les glaciers dans les cieux froids ; Conviant la vue enivrée De sa boréale fraîcheur A des régals de chair nacrée, A des débauches de blancheur ! Son sein, neige moulée en globe. Contre les camélias blancs Et le blanc satin de sa robe Soutient des combats insolents. Dans ces grandes batailles blanches, Satins et fleurs ont le dessous. Et, sans demander leurs revanches, Jaunissent comme des jaloux. Sur les blancheurs de son épaule, Paros au grain éblouissant, Comme dans une nuit du pôle, Un givre invisible descend. De quel mica de neige vierge, De quelle moelle de roseau, De quelle hostie et de quel cierge A-t-on fait le blanc de sa peau ? A-t-on pris la goutte lactée Tachant l'azur du ciel d'hiver, Le lis à la pulpe argentée, La blanche écume de la mer ; Le marbre blanc, chair froide et pâle, Où vivent les divinités ; L'argent mat, la laiteuse opale Qu'irisent de vagues clartés ; L'ivoire, où ses mains ont des ailes, Et, comme des papillons blancs, Sur la pointe des notes frêles Suspendent leurs baisers tremblants ; L'hermine vierge de souillure. Qui pour abriter leurs frissons. Ouate de sa blanche fourrure Les épaules et les blasons ; Le vif-argent aux fleurs fantasques Dont les vitraux sont ramages ; Les blanches dentelles des vasques, Pleurs de l'ondine en l'air figés ; L'aubépine de mai qui plie Sous les blancs frimas de ses fleurs ; L'albâtre où la mélancolie Aime à retrouver ses pâleurs ; Le duvet blanc de la colombe, Neigeant sur les toits du manoir, Et la stalactite qui tombe, Larme blanche de l'antre noir ? Des Groenlands et des Norvéges Vient-elle avec Séraphita* ? Est-ce la Madone des neiges, Un sphinx blanc que l'hiver sculpta, Sphinx enterré par l'avalanche, Gardien des glaciers étoiles, Et qui, sous sa poitrine blanche, Cache de blancs secrets gelés ? Sous la glace où calme il repose, Oh ! qui pourra fondre ce cour ! Oh ! qui pourra mettre un ton rose Dans cette implacable blancheur ! |
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Théophile Gautier (1811 - 1872) |
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Portrait de Théophile Gautier | |||||||||
BiographieThéophile Gautier fait ses études aux lycées Louis-le-Grand et Charlemagne. Il se lie avec Gérard de Nerval, qui l'introduit dans les milieux littéraires. Optant pour la poésie, Gautier fonde le 'Petit Cénacle' en 1830 et publie son premier recueil de Poésies. En 1833, un recueil de contes 'Les Jeune-France' et la préface de son premier roman 'Mademoiselle de Maupin' (1835) dénoncent avec esprit e Orientation bibliographiqueDiverses notices me font naître à Tarbes, le 31 août 1808. Cela n'a rien d'important, mais la vérité est que je suis venu au monde où je devais faire tant de copie, le 31 août 1811... - Ses ascendants proviennent de tous les coins de France. Pierre-Julcs-Théophile aura deux sours cadettes qui ne le lâcheront plus jusqu'à sa mon. Son père étant nommé chef de bureau aux octrois de Paris en 1814, les |
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