Tristan Janco |
Caché derrière les feuilles de peupliers Il ne cesse de sculpter des mots d'ambre Après avoir quitté les cimetières sans tombeaux Soudain, il arrête un rayon de soleil Tandis que le siècle s'achève Solitaire, au souffle haletant Dans la rouge argile de la terre en exil Il trouve l'épine brûlante de la terre natale Les larmes tissées en voile pour l'éternité. Là où le temps se dérobe au Temps L'abandon de la mort à la Mort Adoucit la peine l'instant d'un éclair Un chant surgit des rivages du Dniestre C'est alors qu'il jette dans l'encre Le souvenir d'une goutte du sang des innocents Il se dresse seul dans la forêt des pins et des cyprès Dans le lieu du non-repentir Criant des mots sortis du fond des âges : Itgadal ve-itkadache chmé raba ! « Que le nom de l'Eternel soit glorifié et sanctifié ! » Récitez le kadich près de toutes les fosses communes Celles connues, celles retrouvées et celles oubliées Récitez le kadich en regardant le ciel Là où des fosses n'ont pas été creusées Où les tombes ne sont pas à étroit N'oublions pas que dans l'Europe, Terre de civilisation, Dans la cinquième décennie du XXe siècle Des hommes ont édifié Auschwitz N'oublions pas que les auteurs de l'extermination D'un tiers du peuple juif Font partie intégrante De l'espèce humaine N'oublions pas l'unicité du désastre Du génocide juif, De la shoah N'oublions pas que le silence Est impardonnable N'oublions pas ! ZAKHOR! |
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Tristan Janco (? - ?) |
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