Tristan Janco |
Il pleut sur l'autoroute Des milliers de gouttes de tes yeux Mémoire calcinée d'autrefois. Le cycle des souvenirs recommence La Provence est en vendanges Et quelque part on prépare les couteaux. Aujourd'hui c'est le souvenir, Hier c'étaient des bourgades blanches Caressées par le son des cloches en cuivre, Embaumées par les fleurs de l'automne moldave, Crucifiées par la haine des monstres en chemises brunes Lavées par le sang des innocents. [ ou vertes, Le cordonnier, le tailleur, le charpentier Le forgeron, le menuisier, le vitrier Le fourreur, le marchand de quatre saisons Le riche commerçant, le vendeur d'eau L'enseignant, le fou, le mendiant Le coiffeur, le médecin, le charretier Le chapelier, le boulanger, le violoniste Le vendeur de tabac, de pétrole lampant et de chaux Les lecteurs de psaumes, le rabbin La mère allumant les bougies du Vendredi soir Les enfants murmurant l'alphabet hébraïque Petit peuple d'autrefois, sans sépulture Englouti dans les neiges glaciales de Transnistrie... Peuple de la foi, monde sans cimetière Il subsiste pourtant des missionnaires étranges Qui auscultent le silence Et qui savent la mort, la guerre et la prière C'est toi qui les envoies Mémoire calcinée de septembre Pour que le poète brûlé à jamais, continue de crier Même ici, dans la Provence de la sagesse et de l'hydromel Ouvrons le livre liturgique : notre Père ! source de toute miséricorde, Toi qui résides dans les cieux, souviens-toi des Justes, Des fidèles, des saintes communautés qui ont souffert le En confessant la sainteté de ton nom... [ martyre Aujourd'hui c'est le souvenir Hier c'étaient des bourgades blanches Le cycle des souvenirs recommence Mémoire calcinée d'autrefois. |
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Tristan Janco (? - ?) |
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