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Tristan L'Hermite



La mer - Poéme


Poéme / Poémes d'Tristan L'Hermite





(extraits)




Mais voici venir le montant,
Les ondes demi-courroucées
Peu à peu vont empiétant
Les bornes qu'elles ont laissées.
Les vagues, d'un cours diligent, À longs plis de verre ou d'argent
Se viennent rompre sur la rive
Où leur débris fait à tous coups
Rejaillir une source vive
De perles parmi les cailloux.



Sur ces bords d'ossements blanchis
De pauvres pêcheurs font la ronde
Espérant bien d'être enrichis
Par quelque largesse de l'onde.
Car la mer éternellement
Garde ce noble sentiment
Avecque son humeur brutale,
De n'engloutir aucuns trésors
Que d'une fougue libérale
Elle ne jette sur ses bords.



Quand les vagues s'enflent d'orgueil
Et se viennent crever de rage
Contre la pointe d'un écueil
Où cent barques ont fait naufrage,



Alors qu'une sombre vapeur
Imprime une mortelle peur
Avec ses présages funestes
Et que les vents séditieux,
Pour éteindre les feux célestes,
Portent l'eau jusques dans les deux,



Le vaisseau poussé dans les airs
N'aperçoit point de feux proprices :
On n'y voit au jour des éclairs
Que gouffres et que précipices.

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Tristan L'Hermite
(1601 - 1655)
 
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