Werner Lambersy |
extraits Le chant s'était tu Ou quelque chose dans le chant On ne sait pas Quelque chose Qui n'avait plus sa place Et faisait du silence Une paupière sur une absence d'oil C'était sans importance Pour le commerce ou les rapports De forces C'était sans importance Dites-vous bien qu'on pouvait S'en passer : la parole sans miracle Avait encore de beaux jours Sauf chez quelques-uns peut-être Pour qui les mots Restaient insupportablement vides Et l'âme La partie la plus fine du corps Comme un drapeau Qu'on avait oublié au balcon Sauf peut-être pour quelques-uns Plus mal en point Dans le grand lit des solitudes Où le cour Est une goutte de mercure Ou de la gomme de résine Lentement sur l'écorce d'un tronc Et l'univers qu'on croit indifférent Parce qu'il est loin Alors qu'on est dedans L'univers qu'on croit connaître Parce qu'on y est né Alors qu'on sait si peu de soi Et du silence en soi L'univers attendait sans rien dire Car le chant s'était tu Ou quelque chose dans le chant On ne sait pas Mais quelques-uns pensaient À ces oiseaux qu'un seul hiver Rendait muets pour toujours C'était sans importance On écrirait là-dessus Comme sur le reste et cela suffit Sauf peut-être pour certains Qui eux non plus ne savaient plus Et restaient sans rien dire Lorsque le chant ne chantait pas L'univers attendait La voix qui entrerait en lui Comme la lumière dans un fruit Ou l'eau Dans le pis des racines Et comme de l'air Dans les poumons d'un nouveau-né L'univers attendait Le rêveur d'interdits l'ignorant Des barbelés de la peur Autour des camps de prisonniers Du verbe Et cette folie entre deux corps Encordés par leurs souffles L'univers attendait Que sorte et se montre pour danser Celui qu'on ne voit pas Qu'il hurle et insulte Le soleil des certitudes Car les anciens l'avaient dit: Il sera votre bourreau Et c'est aussi difficile à croire Que de se couper les ongles Avec la main gauche Ou d'accepter l'idée Que rire déplaît aux dieux Et que le temps N'est pas une science exacte C'était sans importance Mais cela avait quelque chose À voir avec la violence de l'argent Et le viol publicitaire des consciences Car ceux-là pensaient Que l'air est une chose respirable Plusieurs fois d'affilée |
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Werner Lambersy (1941 - ?) |
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