LÀ-HAUT SUR LA COLLINE - Poéme À propos de moi

Là-haut Sur la colline
Ma mère amère n'admet pas sa fatigue
Car il n'est pas permis en ce pays
À une mère d'être lasse.

La négresse sous son bakoua biscornu
Arrache toujours les mauvaises herbes
Dans la terre aride d'une existence ingrate

Et ses mains crevassées d'effort
Rouvrant ses plaies à chaque empoignade
Arrachent la ronce au cour de ce pays maudit

Et les ronces rétives, elles, s'agrippent
Et emportent avec elles la terre arable

Et depuis toujours j'aime cette terre
moi inassouvi, grimpant les collines,
Descendant les ravines, caressant la glaise
Prenant dans ma main la lie de la source fraîche

Les bambous grincent dans le vent et les serpents s'abritent
D'autres créatures irréalistes grattent la chair des collines
Oui, j'ai toujours aimé cette terre et ces gens de là-haut !

Mais un certain pays guindé se donne à voir
Habitant des maisons pavoisant
Enkystées à l'échine des mornes

J'ai vue ces fous prétentieux
Dresser des manoirs écrasant
Là où jadis le concombre bourgeonnait

J'ai vu des faux campagnards
Jetant des vérandas en tissus de madras
Pour l'abri de rutilants quatre-quatre

J'ai vue des palmiers stériles
Fleurir dans les allées sans avenir
Remplaçant les cocotiers nourriciers

J'ai vu des nantis rassasiés et blasés
Déambulant dans les travées des hypermarchés
S'adonner au culte compulsif du consumérisme religieux

Et tous ces échappés d'exil, nantis de la ville
Neutralisent les terres paternelles
Sous des bastides de fins de vies

« Vous qui tenez le regard tourné vers les portes containers
Je ne partage pas votre dévotion absurde
Chargée d'appétence gloutonne et d'angoisse insensé».