BAGNARD INTERIEUR - Poéme Divers

Je suis le Bagnard intérieur
En prison l'oil à l'oilleton
Tout autour de moi les barreaux
Mais c'est en MOI que je suis enfermé
Exil intérieur ou le geôlier est le prisonnier
Contre qui combattre sinon contre un soi diffus ?
Viennent cent visages au miroir de mes hallucinations
Je ne suis pas le fou à lier, mes liens sont dans ma tête
Je suis le chien et sa laisse, la montgolfière sans nacelle
Le peintre aux mains coupées, le chanteur muet, le trou vide
Je ris une terreur, tornade intérieure rugissante, forcené effrayant
Je me palpe, je n'ai pas mal, je me concentre, et je constate que tout va
J'ai peur de n'avoir plus de douleur, Je dessine un mal et le ressens
J'étouffe en moi, je veux être libre, la porte est béante, j'en cherche la clé
Vaste est l'espace, trop vaste pour mes pas, je trace un cercle et j'y tourne
Et m'assaille des assaillants illusoires, ils sont nombreux proliférant
Et l'usine nuit et jour fabrique dans ma tête sans répit, sans repos
Je trace, j'efface, je biffe, peints et repeints mille visages de moi
Je lutte, m'épuise, halète, je sonne l'alerte, je me duplique
Contre qui combattre sinon contre un soi diffus ?
Puisque c'est en MOI que je suis enfermé
Tout autour de moi les barreaux
En prison l'oil à l'oilleton
Je suis ce Bagnard intérieur.

YVES UNTEL PASTEL