Alain Bosquet |
Objets, valsez, valsez ! Les choses trop humaines... Une cuiller pour ramasser le paradis. Une corniche en deuil. Si les trottoirs se gênent Quand je les lave... Encore un soleil inédit. Le buvard boit le sang des gazelles blessées. Biographie d'une serrure. Le vautour Entre en clinique après-demain. Mur de lycée Couvert de graffiti. La ville sent l'amour Et le colimaçon. Devinez-vous l'hypnose Du poignard qui pénètre dans l'oil ? Kimono Sur le village nu. Ces lampes se composent De lait mal digéré. Pourquoi sont-ils penauds, Ces océans de poche ? On rejoue la bourrée. Danse, danse l'objet. Beau musée des soupirs. Dont quelques-uns d'avant la préhistoire. Outrée, Cette aube trop morale. On voudrait revenir Au néant corrompu, que la moindre musique Civilisait. Champagne au pied d'un monument. Récifs raccommodés. Combien de pneumatiques Annonceront le météore ? Ce calmant Pour le raz de marée. Si la tuberculose Atteint la citadelle... Un chemin plus étroit Que la folie traquée par la raison. La prose Nous a mordus jusqu'à la moelle : il fait si froid Par sa faute. Samba, quadrille, objets obscènes. Pourquoi rougissez-vous dans votre carrousel ? Bouton de col sous le divan, cruche d'ébène. Savonnette qui mousse en gémissant : lequel De vous refuserait le style et la pensée, Le rêve et le soupir ? Phonographe, rasoir. Coussin, je vous le dis, cette raison lassée De ses vertus - corbeaux sans bec - n'a plus d'espoir Qu'en vous; remplacez-la. Deux tranches de planète Arrosées de rhum blanc. La montagne en carton. La cendre du cigare a trouvé l'interprète De sa fable mystique. Embrassons-nous. Mettons En commun, chers objets, nos pires ignorances : Grâce à vous, je m'accepte; en moi, vous existez De vous plaindre sans cesse. Un monde recommence Où l'absurde est enfin naturel. Vérité, Ton juge est le silex. Moi, je deviendrai plume N'importe où dans la nuit. Chauffez-vous, objets [froids : Voici mon sang d'homme rageur. Et que s'allume Le doute au fond de vous ! Je reconnais vos droits Sur l'atome et le cour, sur le verbe et la fable. J'assure la relève en devenant rebord De fenêtre enfoncée. Je me rends séparable De moi. Je suis l'écorce. Objets, que nos rapports Soient définis! Remplaçons-nous les uns les autres. Je suis marbre, et le marbre est rongé de soucis. Ne dansez plus, objets ! L'écrou vaut un apôtre. Tango d'épouvantails. L'homme est-il réussi ? |
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Alain Bosquet (1919 - 1998) |
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Portrait de Alain Bosquet | |||||||||
La chronologie1919 March 28th: the birth in Odessa, Russia of Anatole BISK (occasionally BISQUE), son of Alexandre and Berthe Turiansky. His paternal ancestors, originally from Alsace and Belgium, established themselves in the Ukraine in the middle of the nineteenth century to work in railroad construction there. His father was a manufacturer, but also a poet. It was he who first translated Rainer Maria Rilke i Ouvres d'alain bosquetPoésie AperÇu biographique |
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