Alphonse de Lamartine |
Lorsque seul avec toi, pensive et recueillie, Tes deux mains dans la mienne, assis à tes côtés, J'abandonne mon âme aux molles voluptés Et je laisse couler les heures que j'oublie ; Lorsqu'au fond des forêts je t'entraîne avec moi, Lorsque tes doux soupirs charment seuls mon oreille, Ou que, te répétant les serments de la veille, Je te jure à mon tour de n'adorer que toi ; Lorsqu'enfin, plus heureux, ton front charmant repose Sur mon genou tremblant qui lui sert de soutien, Et que mes doux regards sont suspendus au tien Comme l'abeille avide aux feuilles de la rose ; Souvent alors, souvent, dans le fond de mon cour Pénètre comme un trait une vague terreur ; Tu me vois tressaillir ; je pâlis, je frissonne, Et troublé tout à coup dans le sein du bonheur, Je sens couler des pleurs dont mon âme s'étonne. Tu me presses soudain dans tes bras caressants, Tu m'interroges, tu t'alarmes Et je vois de tes yeux s'échapper quelques larmes Qui viennent se mêler aux pleurs que je répands. « De quel ennui secret ton âme est-elle atteinte ? Me dis-tu : cher amour, épanche ta douleur ; j'adoucirai ta peine en écoutant ta plainte, Et mon cour versera le baume dans ton cour. » Ne m'interroge plus, ô moitié de moi-même ! Enlacé dans tes bras, quand tu me dis : Je t'aime ; Quand mes yeux enivrés se soulèvent vers toi, Nul mortel sous les cieux n'est plus heureux que moi ! Mais jusque dans le sein des heures fortunées Je ne sais quelle voix que j'entends retentir Me poursuit, et vient m'avertir Que le bonheur s'enfuit sur l'aile des années, Et que de nos amours le flambeau doit mourir ! D'un vol épouvanté, dans le sombre avenir Mon âme avec effroi se plonge, Et je me dis : Ce n'est qu'un songe Que le bonheur qui doit finir. |
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Alphonse de Lamartine (1790 - 1869) |
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Portrait de Alphonse de Lamartine | |||||||||
Biographie / OuvresAlphonse de Lamartine est né à Mâcon en 1790. Après une enfance passée à Milly, Lamartine voyage en Italie, puis se met au service de Louis XVIII. C'est à cette époque qu'il commence à composer de la poésie. Son premier ouvrage, Les Méditations poétiques, publié en 1820, reçoit un succès retentissant et il n'est pas exagéré d'affirmer que ce livre est le premier recueil romantique de la littératur ChronologieLamartine est né à Mâcon, tout à la fin de 1890 ou au commencement de 1891. Son grand-père avait exercé autrefois une charge dans la maison d'Orléans, et s'était ensuite retiré en province. La Révolution frappa sa famille comme toutes celles qui tenaient à l'ordre ancien par leur naissance et leurs opinions : les plus reculés souvenirs de M. de Lamartine le reportent à la maison d'arrêt où on le m |
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