Armand Gatti |
(extraits) Lui dans sa démesure. Nous derrière cette démesure le suivant (image par image) sans jamais le trouver mais sachant qu'il n'y a pas d'autre route pour se rendre sur les lieux de la bataille aux dizaines d'identités que celle du passeur. (Une part libertaire en exil aux quatre coins du monde une part combattante sur l'horloge espagnole une part émigrée vers d'autres combats une part emprisonnée dans les passages des montagnes une part coincée dans les strophes de L'Internationale...) Chaque fois il y a une part en trop. Celui qui vient de l'autre côté du lac ILe spectateur peut-il à travers les morts de la guerre civile plantés aux quatre coins du monde devenir son propre spectacle ? une part alouette montant à la verticale des lieux de la tuerie une part oiseau migrateur faisant le tour du monde une part rouge-gorge dans la rigueur hivernale.) Toujours une part en trop. * Le regard du coyote Verticalité de la mort (nommée sur les plans de tourisme : Entrée des incroyants) comme s'il s'agissait d'ajouter une part en plus au portrait-robot. Le passeur fait de ces incroyants un de ses lieux de passage. Huit voyelles et onze consonnes bout à bout cartes que l'histoire garde pour dire qu'elle a encore un jeu qu'elle peut abattre. Trois pierres (essentiellement du vide avec quelques tourbillons d'atomes - plus le physicien avance, plus le réel devient insaisissable). Le réel est là - et il n'y a rien. Menée par lui la légende déborde quand même de tous les côtés. * Celui des signaux de fumée sur la montagne Il reste leurs noms. Dans leurs visages d'alors la sentence de mort n'est pas entrée. Elle est restée au-dedans, flamme blanche. MORT EXIL PRISON Image après image ils ont traversé tous les moments du portrait-robot. La triangulation est née d'eux, avant de se multiplier. Les montagnes que traversent les révolutions perdues continuent à dérouler leurs soliloques en dehors de toute commémoration. Ceux qui contre toutes les haltes se sont voulus trajets entiers voient les portes se refermer lorsque le chien de la mémoire s'aventure sur les ziggurats pyrénéennes qu'ils ont eux-mêmes tracées, une imprimerie sur le dos. La triangulation, ils l'ont continuée avec le garrot et la rafale en pleine rue. La bataille, tous croient l'avoir gagnée eux seuls l'ont perdue. Impossible de retrouver les siens parmi les siens de s'y nommer. On les voit avec l'éternelle part en trop soudain mûrir dans une parole et avancer dans la nuit des robots. Mais qui avance avec eux ? |
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Armand Gatti (1924 - ?) |
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Portrait de Armand Gatti | |||||||||
Biographie / chronologieA l'école, à Monaco, ses petits camarades l'appelaient « salami ». En les battant sur leur propre terrain, celui de la langue française, lui, le fils d'immigrés piémontais, a gagné son sésame pour une existence démultipliée. Résistant, déporté, Armand Gatti a été successivement journaliste, cinéaste, auteur de théâtre et metteur en scène. Ami de Mao, de Che Guevara, de Jean Vilar, à la fois poète |
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