César Moro |
Rien Ni l'absence couleur de rouille Lumineuse l'été Haute mer bleue l'hiver Rêvée à tâtons la nuit pareille à des jetons d'amiante Aux pôles d'un éventail fumeux Aux carrefours d'une cité lacustre Sur pilotis de corne Au train qui déraille tard le soir dans les marais salants Au littoral sous l'avalanche Rien Ni l'ombre menaçante qui me suit Ni le silence panoramas de sable Ni les poignards de pierre de la soif Ni les tigres rugissant le sang Ni les lions éventrés ni les aveugles sodomites Ni les bornes arrachées couchées dans la mousse Ni la maison hantée jadis Ni les églises désaffectées Ni les cadavres marchant en plein soleil Ni cette guerre de cent ans Aux bordels remplis de lianes et de papier mâché Tandis qu'on jette sur la nuit de grands seaux d'eau Rien te dis-je Ni hier ni plus tard Quand tu gravissais mon corps jusqu'à ma tête En triturant les os d'ultimes batailles Aux crépuscules de nouveaux matins Apprivoisés À boitiller de l'aile gauche Celle du cour Roulée aux vagues d'un songe immortel de madrépore D'épongé glaciale sur la face D'ivresse d'orfraie d'orphelin néfaste De nigromant d'abus de pouvoir D'illogisme de charbon blanchi De fuite éperdue dans l'orage À crier gare À demander grâce Mais rien... Même l'oubli Claquemuré meurtri Entre les dents Pour toujours de ton absence Ô cimérien plafond |
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César Moro (1903 - 1956) |
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Portrait de César Moro | |||||||||
BiographieIl naît à Lima le 19-VI1I-1903. Fils d'un médecin d'origine provinciale, le docteur Quispes Asin, qui meurt quand il n'a pas encore cinq ans. Pour subvenir à l'éducation de ses trois frères et lui, sa mère prend quelques pensionnaires, dont une vieille fille au pittoresque saugrenu, Maria Carreno, qui toute sa vie fournira à la mythologie du poète. Autres éléments de son enfance qu'il retenait : l Bibliographie / Ouvresl'ouvre de César Moro |
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