![]() |
Charles Cros |
![]() |
Pourquoi, tout à coup, quand tu joues, Ces airs émus et soucieux? Qui te met cette fièvre aux yeux, Ce rose marbré sur les joues? Ta vie était, jusqu'au moment Où ces vagues langueurs t'ont prise, Un ruisseau que frôlait la brise, Un matinal gazouillement. * Comme ta beauté se révèle Au-dessus de toute beauté, Comme ton cour semble emporté Vers une existence nouvelle, Comme en de mystiques ardeurs Tu laisses planer haut ton âme. Comme tu te sens naître femme A ces printanières odeurs, Peut-être que la destinée Te montre un glorieux chemin; Peut-être ta nerveuse main Mènera la terre enchaînée. * A coup sûr, tu ne seras pas Épouse heureuse, douce mère; Aucun attachement vulgaire Ne peut te retenir en bas. * As-tu des influx de victoire Dans tes beaux yeux clairs, pleins d'orgueil, Comme en son virginal coup d'oil Jeanne d'Arc, de haute mémoire? Dois-tu fonder des ordres saints, Être martyre ou prophétesse? Ou bien écouter l'acre ivresse Du sang vif qui gonfle tes seins? Dois-tu, reine, bâtir des villes Aux inoubliables splendeurs. Et pour ces vagues airs boudeurs Faire trembler les foules viles? * Va donc! tout ploiera sous tes pas. Que tu sois la vierge idéale Ou la courtisane fatale... Si la mort ne t'arrôte pas. |
Contact - Membres - Conditions d'utilisation
© WikiPoemes - Droits de reproduction et de diffusion réservés.
Charles Cros (1842 - 1888) |
|||||||||
|
|||||||||
Portrait de Charles Cros | |||||||||
BiographieNé à Frabrezan, dans l'Aude, en 1842, Charles Cros reçoit une éducation soignée de la part de son père, lui-même issu d'une famille de professeurs. Dès son adolescence, il étudie le sanscrit, l'hébreu, mais aussi la musique et les mathématiques. Cros eut d'ailleurs une très riche carrière d'inventeur : avant même Edison, il imagina le principe du phonographe et il fut le premier à créer des épreuv |
|||||||||
![]() |