Charles Cros |
Né à Frabrezan, dans l'Aude, en 1842, Charles Cros reçoit une éducation soignée de la part de son père, lui-même issu d'une famille de professeurs. Dès son adolescence, il étudie le sanscrit, l'hébreu, mais aussi la musique et les mathématiques. Cros eut d'ailleurs une très riche carrière d'inventeur : avant même Edison, il imagina le principe du phonographe et il fut le premier à créer des épreuves photographiques en couleur. Cros créa également un télégraphe automatique et, de manière plus fantaisiste, il rédigea un mémoire sur des «moyens de communication avec les planètes.» Parallèlement à ses travaux savants, Cros fréquenta, dès 1867, la bohème littéraire parisienne. Il fut un intime du salon de Nina de Villard (Mme de Villard fut longtemps la maîtresse du poète, jusqu'à ce que celui-ci épouse Mlle Hjardemaal, en 1878) et il connut la plupart des petits groupes qui formaient l'avant-garde artistique autour de 1870-1880: les Vilains Bonshommes, les Zutistes, les Hydropathes, les chansonniers du Chat noir. C'est dans ces milieux que Cros connut Verlaine, Rimbaud (qui faillit tuer Cros après avoir versé dans son verre de l'acide sulfurique), Nouveau, Laforgue. Vie littéraire Charles Cros mène une vie de bohème, il se lie avec de nombreux artistes, dont Verlaine. Nina de Villard, sa maîtresse, tient un salon où se rencontrent de jeunes artistes. Il fait ses débuts poétiques dans L'Artiste en 1869. En 1870, de nombreux poèmes du Coffret de Santal voient le jour. Le recueil paraît en 1873, l'année d'Une Saison en enfer . Il collabore au Tombeau de Théophile Gautier. En 1874, il est pour un temps rédacteur en chef de La Revue du monde nouveau, et publie Le Fleuve, avec des eaux-fortes de Manet. En 1876, il publie les Dixains réalistes, La même année, il rencontre du comédien Coquelin cadet et commence à écrire des monologues. En 1879, Charles Cros collabore à des revues comme L'Hydropathe et Le Molière, et réédite Le coffret de santal, qui lui a valu le prix Juglar. Jusqu'à la fin de sa vie, il continue à collaborer à diverses revues, et écrit de nombreux monologues, dont certains sont publiés. Pourtant, à sa mort en 1888, la plus grande partie de son oeuvre reste inédite. Bien plus tard, Robert Desnos et Aragon rendent hommage au poète et à son rôle dans la littérature. L'ouvre poétique de Cros tient pour l'essentiel en deux recueils : Le Coffret de santal, livre publié en 1873, et Le Collier à griffes, qui reprend des pièces composées dans les dix ou quinze dernières années de sa vie, et que Guy-Charles Cros, le fils du poète, publia en 1908, exactement vingt ans après la mort de son père. Charles Cros représente une figure quasi unique dans l'histoire, il incarne cette figure intellectuelle de transition, celle du moment où le règne de la poésie commence à s'estomper au profit de la civilisation du brevet. Ami d'Alphonse Allais, de Paul Verlaine et d'Arthur Rimbaud, il trouve également sa place dans l'histoire des sciences et des techniques aux côtés de Nadar, d'Edison et de Graham Bell. Nous ne commenterons pas ici l'oeuvre poétique de Charles Cros, où se mêlent lyrisme, sensualité, parodie et esprit zutique. Contentons-nous de citer le célèbre poème Inscription, qui ouvre le recueil posthume Le Collier de griffes, publié en 1908, vingt ans après la mort du poète. Cros y évoque les principaux thèmes de ses recherches : communication interplanétaire, secrets de la lumière, photographie, enregistrements des sons, amour des femmes... L'oeuvre scientifique de Charles Cros a souvent été moquée, même par ses amis. Ainsi le poète Catulle Mendès écrivait-il de lui Il avait fait plusieurs trouvailles, assez importantes : le Typhlographe, la Quadrature de l'azimut et de l'almicantarat, la Direction des montgolfières par un boulet de canon projeté de la nacelle, le Phonographe, la Galactothérapie, la Correspondance interplanétaire au moyen d'immenses miroirs d'acier, la Photographie des couleurs, la Transfusion de l'âme, cinq ou six variétés de Sidériscopes et le Monologue. Le grand savant Edmond Becquerel, théoricien de la lumière, portait peu de considération à l'oeuvre scientifique du poète, il est vrai parfois bien farfelue. Il n'en reste pas moins que Cros était respecté dans les milieux scientifiques et l'Académie des Sciences a publié diverses de ses contributions dans ses Comptes rendus hebdomadaires. En 1874, le Comte Th. du Moncel, autorité en matière de télécommunications, fait l'éloge de son télégraphe autographique. Sa description d'un procédé d'enregistrement et de reproduction des phénomènes perçus par l'ouie, déposée le 16 avril 1877 à l'Académie des Sciences, anticipe bel et bien l'invention du phonographe par Edison. Ses travaux sur la photographie en couleurs sont également reconnus comme des contributions importantes. L'éditeur de l'oeuvre complet de Cros, Louis Forestier a réuni la quasi totalité des contributions scientifiques suivantes de Cros, qui étaient soit parues, du vivant de l'auteur dans des publications scientifiques (les revues Les Mondes et Cosmos animée par l'Abbé Moigno) soit conservées dans les archives de l'Académie des Sciences. Notons cependant que Forestier a négligé, dans cette édition, les commentaires de Cros sur le photophone de Graham Bell (1880), qu'il mentionne pourtant dans sa biographie du poète (p.185). Cros a vu dans l'appareil de transmission optique des sons mis au point par l'inventeur américain la confirmation de ses thèses sur la lumière. Dans sa biographie de Cros, Forestier rapporte cependant le témoignage - pêut-être basé sur une légende - d'Emile Gautier, préfacier du Collier de Griffes selon lequel Cros aurait été invité à lire sa Mécanique cérébrale à l'Académie des Sciences, en présence de Graham Bell et que l'inventeur américain serait aller serrer la main de son collègue poète inventeur en lui disant C'est une admirable chose, monsieur que vous avez faite là !. Il s'agit, écrivait Charles Cros en février 1869, de prendre trois épreuves différentes, l'une de tous les points plus ou moins rouges ou qui contiennent du rouge, la seconde de tous les points jaunes ou contenant une proportion de jaune, la dernière de tous les points bleus ou contenant du bleu. ces trois épreuves, en les supposant obtenues en teintes uniformes comme celles de la photographie ordinaire, exprimeront en noir et en gris, plus ou moins foncés, les quantités respectives de jaune, de rouge, de bleu qu'il y a dans tous les points du tableau. Ainsi on aura l'ensemble de tous les renseignements sur le tableau proposé mais non pas sa reproduction pour la vue immédiate. En un mot, l'analyse du tableau est faite au point de vue de la couleur. Le procédé d'analyse successive par transparence est le premier qui m'est venu à l'esprit ; il consiste à tamiser les rayons à travers des verres colorés. Ouvres principales Le Coffret de santal Le Collier de griffes (posthume) Le Coffret de santal (1873, augmenté en 1879) Le Fleuve (1874) La Vision du Grand Canal des Deux Mers (1888) Le Collier de griffes (posthume, 1908) Plainte (1873) Charles Cros - Tristan Corbière, Ouvres complètes, édition de Pierre-Olivier Walzer et Louis Forestier, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 1970 Le Coffret de santal, avec une préface d'Hubert Juin, Gallimard « collection Poésie », 1972 Le Coffret de santal - Le Collier de griffes, édition de Louis Forestier, Garnier-Flammarion « GF », 1979 Ouvres complètes, Éditions du Sandre (2010) Inédits et documents recueillis par Pierre E. Richard, éditions Jacques Brémond, 1992 Vers inédits recueillis par Pierre E. Richard, éditions l'Autre Tigre, Nîmes, 1992 Derniers textes savants retrouvés recueillis par Pierre E. Richard, chez l'auteur à Nîmes, 1999 |
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Charles Cros (1842 - 1888) |
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Portrait de Charles Cros | |||||||||
BiographieNé à Frabrezan, dans l'Aude, en 1842, Charles Cros reçoit une éducation soignée de la part de son père, lui-même issu d'une famille de professeurs. Dès son adolescence, il étudie le sanscrit, l'hébreu, mais aussi la musique et les mathématiques. Cros eut d'ailleurs une très riche carrière d'inventeur : avant même Edison, il imagina le principe du phonographe et il fut le premier à créer des épreuv |
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