Charles Cros |
A ma mère. La blessée est contre un coussin Trempé du sang de la blessure Qu'elle porte au-dessous du sein. Qu'elle est blanche! Le médecin N'a pas un seul mot qui rassure. Ceux qui l'aiment, disent : « Ce soir, Sera-t-elle vivante ou morte? » Les pauvres dont elle est l'espoir Regardent au trou de la porte. ô France, ainsi tes jours joyeux Avaient fui dans la nuit profonde. Ainsi nous avons cru tes yeux A jamais fermés pour le monde. La blessée est sauvée et dort Dans son lit blanc, tout amaigrie. Elle a frôlé de près la mort; On lui défend de parler fort, On craint même qu'elle ne rie. Mais dehors un vent attiédi Verdit déjà les noires cimes. Comme elle s'ennuie, à midi. Des tisanes et des régimes! O France, ainsi tes jours joyeux Avaient fui dans la nuit profonde; Mais l'aube renaît et tes yeux Se sont entr'ouverts sur le monde. La blessée enfin ce matin A trompé sa garde-malade. Elle part d'un pas incertain. Elle a voulu sentir le thym Dans ce sentier qu'elle escalade. Ses bras ne sont plus si fluets. Elle est plus forte. « Oh! la prairie! » Elle cueille et met des bleuets Dans ses cheveux. Elle est guérie 1 Ô France, ainsi tes jours joyeux Avaient fui dans la nuit profonde. Mais, voici le soleil! Tes yeux Restent grands ouverts sur le monde. |
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Charles Cros (1842 - 1888) |
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Portrait de Charles Cros | |||||||||
BiographieNé à Frabrezan, dans l'Aude, en 1842, Charles Cros reçoit une éducation soignée de la part de son père, lui-même issu d'une famille de professeurs. Dès son adolescence, il étudie le sanscrit, l'hébreu, mais aussi la musique et les mathématiques. Cros eut d'ailleurs une très riche carrière d'inventeur : avant même Edison, il imagina le principe du phonographe et il fut le premier à créer des épreuv |
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