Charles Cros |
A J. Keck. Ma belle amie est morte, Et voilà qu'on la porte En terre, ce matin, En souliers de satin. Elle dort toute blanche, En robe de dimanche, Dans son cercueil ouvert Malgré le vent d'hiver. Creuse, fossoyeur, creuse A ma belle amoureuse Un tombeau bien profond, Avec ma place au fond. Avant que la nuit tombe Ne ferme pas la tombe; Car elle m'avait dit De venir cette nuit, De venir dans sa chambre : « Par ces nuits de décembre. Seule, en mon lit étroit, Sans toi. j'ai toujours froid. » * Mais, par une aube grise. Son frère l'a surprise Nue et sur mes genoux. 11 m'a dit : « Battons-nous. Que je te tue. Ensuite Je tuerai la petite. » C'est moi qui, m'en gardant, L'ai tué, cependant. Sa peine fut si forte Qu'hier elle en est morte. Mais, comme elle m'a dit, Elle m'attend au lit. * Au lit que tu sais faire. Fossoyeur, dans la terre. Et, dans ce lit étroit, Seule, elle aurait trop froid. J'irai coucher près d'elle, Comme un amant fidèle, Pendant, toute la nuit Qui jamais ne finit. |
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Charles Cros (1842 - 1888) |
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Portrait de Charles Cros | |||||||||
BiographieNé à Frabrezan, dans l'Aude, en 1842, Charles Cros reçoit une éducation soignée de la part de son père, lui-même issu d'une famille de professeurs. Dès son adolescence, il étudie le sanscrit, l'hébreu, mais aussi la musique et les mathématiques. Cros eut d'ailleurs une très riche carrière d'inventeur : avant même Edison, il imagina le principe du phonographe et il fut le premier à créer des épreuv |
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