Charles-Augustin Sainte-Beuve |
À l'instant le navire appareille ; et d'abord Les câbles sont tirés, les ancres sont à bord, La poulie a crié ; la voile suspendue Ne demande qu'un souffle à la brise attendue Et sur le pont tremblant tous mes jeunes nochers S'interrogent déjà vers l'horizon penchés. Adieu, rivage, adieu ! Mais la mer est dormante, Plus dormante qu'un lac ; mieux vaudrait la tourmente ! Mais d'en haut, ce jour-là, nul souffle ne répond ; La voile pend au mât et traîne sur le pont. Debout, croisant les bras, le pilote, à la proue, Contemple cette eau verte où pas un flot ne joue Et que rasent parfois de leur vol lourd et lent Le cormoran plaintif et le gris goéland. Tout le jour il regarde, inquiet du voyage, S'il verra dans le ciel remuer un nuage, Ou frissonner au vent son beau pavillon d'or ; Et quand tombe la nuit, morne, il regarde encor La quille où s'épaissit une verdâtre écume, Et la pointe du mât qui se perd dans la brume. |
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Charles-Augustin Sainte-Beuve (1804 - 1869) |
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Portrait de Charles-Augustin Sainte-Beuve | |||||||||
Biographie |
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