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Victor Hugo le géant - Quatre-vingt-trois années






Chateaubriand ou rien!



1802 : « Ce siècle avait deux ans... », nul mieux que Victor-Marie Hugo (1802-1885) n'a marqué la date de sa naissance. Il était le troisième fils du commandant Léopold-Sigisbert Hugo, dit Brutus, dont nous avons parlé dans le précédent volume, et qui devait devenir général-comte. Par lui, son ascendance est lorraine : une famille d'artisans dont le poète héritera le goût du travail bien fait; il devra-sans doute à cette ascendance de l'Est son imagination visionnaire, son pouvoir de création mythique proche de celles des poètes germaniques. Sa mère, Sophie Tré-buchet, Vendéenne, lui lègue ses convictions royalistes. La mésentente des parents aboutira à la séparation et à la pauvreté. Le jeune Victor passera son enfance auprès de sa mère et de ses deux frères, Abel et Eugène, pour ne retrouver son père qu'à l'âge de vingt ans, en 1822. C'est le temps de son mariage, de ses prerhiers succès littéraires, celui aussi de la mort de sa mère et du premier enfant mort en bas âge. Il renouera donc avec son héros de père, tout auréolé de la gloire napoléonienne.



Dès sa tendre enfance, la vie nomade de l'officier lui avait fait découvrir la Corse, l'Italie, l'Espagne surtout, dont il devait garder des souvenirs : des noms de villages comme Ernani et Torquemada, de rue comme Ortaleza, d'un ruisseau comme Matalobos, de certain valet bossu et nain du Collège des Nobles de Madrid, ébauche d'Elespuru, Triboulet et Quasimodo, certain Gubetta qui rudoya son frère Eugène, noms qu'on retrouve dans ses ouvres. D'Hugo, Saint-Victor fera « le Grand d'Espagne de la poésie ».

Après ce premier cadre de vie, la chute de l'Empire amène le retour à Paris. Les enfants Hugo vont bénéficier de la seule éducadon maternelle. C'est le temps des Feuillantines, près de l'ancien couvent de ce nom, dans une maison dont le jardin sera immortalisé dans les Rayons et les Ombres et dans les Contemplations. Mmc Hugo, avec l'aide d'un vieux maître d'école, donna une éducation indépendante et poétique à ses fils, la meilleure qui soit. On enseignait le grec et le latin, on habituait les enfants à fouiller les boîtes des bouquinistes où l'on découvre Rousseau, Voltaire, Diderot. Les lectures sont incohérentes et parfois on trouve seulement des tomes dépareillés. C'est « l'éducation en liberté ».

Victor Hugo ira d'études chaotiques, à la manière des autodidactes, vers un enseignement plus habituel. Tandis que de grands épisodes de l'histoire se déroulent autour des Cent-Jours, Victor devient élève de la pension Cordier et Decotte et suit les cours de philosophie, de mathématiques, de physique du lycée Louis-Ïe-Grand. Entre 1816 et 1818, ses études sont brillantes et il semble destiné à Polytechnique. Or, sur un cahier de 1816, il écrit : « Je veux être Chateaubriand ou rien. » C'est là sa vocation longuement mûrie. Désireux de réussir, il sait quelles sont les meilleures voies; sa stratégie littéraire l'oriente vers le pouvoir dont il se voit bien le chantre officiel, vers Chateaubriand qui est la plus haute autorité littéraire, vers les concours poétiques toujours en faveur. En 1817, il est le neuvième au concours de poésie de l'Académie française (il n'a que quinze anS); en 1819, il est lauréat de l'Académie des Jeux Floraux de Toulouse. Auparavant, il s'était essayé à traduire Virgile, avait rimé une tragédie, Irtamène, célébrant sous un travestissement égyptien le retour de Louis XVIII. Ces essais l'ont amené à apprendre la technique poétique, et cela méthodiquement, en jeune rhétoricien que les ressources du vocabulaire intéressent plus que les émois adolescents et les angoisses métaphysiques.



Les Premières ouvres.



A seize ans, il lit un journal fondé par Chateaubriand, le Conservateur où l'on trouve les signatures de Lamennais, Genoude, le comte Jules de Polignac, le cardinal de La Luzerne. Victor Hugo attend la prose de Chateaubriand pour la mettre en vers qu'il s'agisse d'une Notice sur la Vendée ou d'attaques ultra-royalistes contre le ministère Decazes. Ce qui retient le plus Hugo, cfiez son maître, c'est qu'il situe le poète dans la cité à la place qui lui est due. La fonction du poète, la dignité de l'écrivain, l'utilité des gens de lettres, Victor Hugo tout au long de sa vie ne cessera de reprendre ces thèmes et de les défendre.



En 1819, Victor Hugo réunit un groupe de jeunes composé notamment de ses deux frères, d'Alexandre Soumet, Alfred de Vigny et Adolphe Trébuchet pour fonder le Conservateur littéraire, annexe du journal de Chateaubriand, comme aujourd'hui l'Observateur littéraire pourrait être le complément du Nouvel Observateur ou le Littéraire celui du Figaro. Victor Hugo se réserve la critique dramatique, juge M. Ancelot trop lyrique et M. Viennet trop peu soucieux de la couleur locale. Nos jeunes turcs savent déjà ce qu'ils veulent. On lit dans le Conservateur :



Le Conservateur littéraire est dirigé par trois frères, MM. Hugo, dont l'aîné a à peine vingt et un ans, et dont le plus jeune n'en a que dix-sept. Celui-ci, qu'on distingue sous ie nom de Victor, était déjà connu par une ode sur la Vendée et par une satire sur le télégraphe.



Notre jeune poète soutient alors le trône et l'autel, défend la tradition classique tout en la critiquant au besoin. Il dit que tout écrivain doit avoir pour objet principal d'être utile, que « la vieille société qui sort encore toute chancelante des saturnales de l'athéisme et de l'anarchie » a besoin d'un « langage austère, consolant et religieux ». Chateaubriand voyait tout cela d'un oil plein de sympathie. Louis XVIII attribue bientôt au jeune poète une pension de mille livres bientôt portée à deux mille d'heureux temps!), ce qui lui permet de se marier.



Il existe un premier cénacle qui se réunit à l'Abbaye-aux-Bois autour de Mme Récamier, au salon de l'Arsenal chez Charles Nodier où l'on trouve Emile et Antony Deschamps, Soumet, Ancelot, Chê-nedollé, Jules Lefèvre-Deumier, Jules de Rességuier. Ici ou là, Hugo, Vigny, Lamartine viennent parfois. Tous songent à un besoin de renouvellement sans qu'aucun d'eux pense à une véritable révolution littéraire.

Dans son journal, Hugo étonne par la qualité de sa critique, la sûreté de ses jugements. Il y publie une première version de Bug-Jargal. Critique, romancier, poète, tout est déjà posé. En 1822, à vingt ans, il publie Odes et poésies diverses, puis donne sans cesse des éditions remaniées : Odes, 1823, Nouvelles odes, 1824, puis 1825, Odes, 1827, et enfin, une édition entièrement nouvelle, Odes et ballades, 1828. Nous parlerons plus loin de ces ouvres comme de toutes celles citées dans cet itinéraire biographique.

Dans les cercles littéraires, Victor Hugo est reconnu comme un jeune maître. Il a multiplié les efforts, fondant dès 1823 la Muse française où il affirmait que l'écrivain ne doit point se croire « au-dessus de l'intérêt général et des besoins nationaux ». Cela n'empêche pas le jeune poète de se situer sur les hauteurs, près de Chateaubriand. Il déplorera qu'on l'éloigné du gouvernement, celui-là qui a toute son admiration et dont il partage les idées. Les jeunes royalistes que sont Hugo, ses frères, ses amis, attendaient trop de la Restauration pour n'être pas déçus. Ils affirment leur idéalisme, mais non sans grincement, non sans opposition. On trouve un Hugo sentimental et confiant cependant, s'attendrissant volontiers, suivant en journaliste l'actualité qui lui fournit, comme au temps de Ronsard, les sujets de ses poèmes. En 1821, à la Société des Bonnes-Lettres, il rencontre les écrivains royalistes les plus divers : Nodier, Fontanes, Chateaubriand, Vanderbourg, Désau-giers, des savants, des académiciens, des hommes de science, de grands journalistes. Le poète est à l'écoute de tout, emmagasine la documentation de ses futures grandes ouvres. Le désastre des émigrés de Quiberon, l'assassinat du duc de Berry par l'ouvrier Louvel, le déjà lointain Louis XVII lui dictent des sujets de poèmes.



La Préface de Cromwell.



Dans le domaine du lyrisme, il est clair que Victor Hugo, Lamartine, Vigny ont triomphé. Il reste à renverser au théâtre le classicisme si bien implanté. Le théâtre nouveau réclamé dèpuis^long-temps par Mercier et Mme de Staël doit naître. Nous l'avons dit, Shakespeare est présent et aussi les Espagnols avec leur variété d'inspiration. Le drame nouveau, Victor Hugo va le proposer en établissant ses principes. Talma aurait joué son Cromwell s'il n'était mort à ce moment-là. En 1827, Hugo reprend son drame en donnant une préface composée d'éléments qu'on retrouve chez Schle-gel, Mme de Staël, Benjamin Constant, Guizot, Manzoni, Stendhal.

Quelles sont les idées nouvelles? Il faut réunir les formes les plus opposées de l'art comme le grotesque et le sublime, le tragique et le comique, ne pas craindre les paradoxes qui font partie de la vie, être fracassant et vigoureux, réunir les idées qui sont dans l'air, mêler la pensée philosophique, le réalisme, le mouvement, la couleur locale. Victor Hugo peut élever un monument avec des débris, des déchets, comme il fabriquera les meubles qu'on peut voir au musée de la place des Vosges. Bien des chefs-d'ouvre du théâtre romantique seront apparemment éloignés de ces doctrines, mais naîtront du sentiment de liberté apporté par Hugo.

Devant ce code de littérature théâtrale, surgissent des opposants : deux députés refusent de voter la subvention des théâtres si on joue « le sieur Hugo » à la Comédie-Française. Parmi les partisans de Hugo, on enregistre le suicide d'un perruquier qui laisse un testament avec ces mots : « A bas les Vêpres siciliennes et vive Cromwell.' » et David d'Angers s'écrie : « Quelle profondeur de pensée! A elle seule cette préface est un code de littérature! » Enthousiasmes et colères, le domaine antithétique où se plaît Hugo. Il est déjà le législateur de la nouvelle pléiade dont il a écrit le l^ manifeste.

Le temps du grand combat romantique se situe entre 1827 et 1843. Victor Hugo en est le chef incontesté. Pendant ces seize années, les poèmes, drames, romans, vont se succéder avec une étonnante fécondité. Il faudra l'échec des Burgraves pour montrer à Victor Hugo que le premier romantisme subit un déclin. Nous rencontrerons les ouvres de ces trois lustres : les Orientales, 1829, les Chants du crépuscule, 1835, les Voix intérieures, 1837, les Rayons et les ombres, 1840, pour la poésie, et pour le théâtre : Hernani, 1830, Marion Delorme, 1831, le Roi s'amuse, 1832, Lucrèce Borgia, 1833, Marie Tudor, 1833, Angelo, 1835, Ruy Bios, 1838, les Burgraves, 1843, et pour les romans : Han d'Islande, 1825, les Derniers jours d'un condamné, 1829, Notre-Dame de Paris, 1831, Claude Gueux, 1834. Les Misérables ne paraîtront qu'en 1862, vingt-huit ans après Claude Gueux.

Nous verrons que Victor Hugo n'est pas resté fixé dans les idées de la Préface de Cromwell, qu'à la couleur locale et aux exploits techniques, succédera une voix intime confiant des émotions personnelles et développant des mêmes généraux à la manière des classiques. Le rôle du poète, le destin humain, la religion, la nature, les joies de la famille, l'amour lui dictent ses meilleures ouvres. Peu à peu, après la révolution romantique de 1830, Victor Hugo trouvera un équilibre entre la forme classique et la richesse d'images en liberté du romantisme, tantôt avec éloquence comme chez Lamartine, tantôt avec une parfaite simplicité de ton.

Son mariage avec Adèle Foucher lui a donné, outre un fils mort en bas âge, quatre enfants, de 1824 à 1830. La mort de sa fille qui se noie en voyage de noces à Villequier le plonge dans une profonde douleur qui le fait cesser d'écrire pour un temps. A quarante et un ans, il a déjà une ouvre importante. Il a connu les étapes d'une vie bien remplie, des débuts de l'enfant sublime à la passion pour Juliette Drouet, il a triomphé dans ses luttes, il a fait éclore le philhellénisme d'époque dans les Orientales, il a rejoint le moyen âge et assuré la liaison avec le passé lointain et peu reconnu, il a défendu le trône et l'autel, il a contribué à assurer au poète une place dans la société de son temps, il a uni ses contradictions de royaliste ayant un fond caché d'enthousiasme envers Napoléon dont il sera le célébrant. S'il éprouva comme tout homme de lettres quelques jalousies, notamment envers Lamartine ou quelque crainte devant des rivaux-disciples au théâtre, comme Vigny ou Dumas, cela n'a pu que fortifier son enthousiasme créateur. Sa place dans la littérature est déjà bien établie, la douleur lui apporte un mûrisse-ment.



La Lutte politique et l'exil.



Être pair de France, comme Chateaubriand, était le rêve de Victor Hugo. Louis-Philippe le réalisa en 1845. Faire de la politique était pour le poète remplir pleinement sa fonction. Comme Lamartine, le plus heureux dans ce domaine, Hugo, Dumas, Vigny, Alphonse Karr n'hésitent pas à se présenter aux élections. Le vicomte Hugo fréquente le monde officiel en même temps qu'il travaille aux Misérables et aux Contemplations.

Cependant, les utopies sociales de Pierre Leroux et de Cabet, vulgarisées par George Sand, faisaient naître vaguement l'idée de République idéale. Lamartine allait de banquet en banquet, exhortait les ouvriers en flétrissant la décadence de la monarchie parlementaire. En 1848, Louis-Philippe est mis à la porte et naît la République à laquelle Victor Hugo se rallie, car il y trouve une affirmation de son socialisme d'ailleurs assez nébuleux. Lamartine, avec ses 2 300 000 voix le fascine. Après un échec, Hugo devient député à l'Assemblée Constituante.

En juillet 1848, il fonde le journal l'Événement. Programme : « Haine vigoureuse de l'anarchie; tendre et profond amour du peuple ». Le principal rédacteur est un fils du poète, Charles Hugo, les collaborateurs sont Auguste Vacquerie, le plus profondément républicain, et d'autres plus tièdes : Paul Meurice, Théophile Gautier, Léon Gozlan, Alphonse Karr, Gérard de Nerval, Edouard Thierry, Théodore de Banville, Auguste Vitu, Champfleury, Dumas fils. A l'Assemblée, Victor Hugo fait une propagande dont il se repentira en faveur de Louis-Napoléon Bonaparte et vote toujours en faveur des projets de la droite. En septembre 1848, l'Événement salue l'élection du futur empereur dans cinq départements, en octobre le journal pose la candidature du prince à la présidence de la République.

Pris dans les intrigues politiques, Hugo se détache de la cause. Il espérait recevoir en récompense le portefeuille de ministre de l'Instruction publique, il est profondément déçu. A la Législative et à la Constituante, il se pose en démocrate et devient le plus fougueux adversaire du prince-président. Il avait cru de bonne foi qu'un régime fort, tout en écartant l'anarchie, mènerait une action sociale en faveur du peuple. Il s'aperçut bientôt que le nouveau maître se mettait au service des puissances financières en menant une politique rétrograde. Dans l'opposition, l'ancien monarchiste se fait à l'idée d'une république idéale. Dès 1849, son parti est pris. Quand arrive le coup d'état du 2 décembre 1851, il essaie en vain de soulever les masses populaires. Craignant l'emprisonnement, il s'exile à Bruxelles, à Jersey, puis à Guernesey en 1855.

Ayant connu neuf années littérairement creuses, son indignation, son exil lui apportent un second souffle. Pendant dix-huit ans, il donne le meilleur de lui-même. Sa haine contre l'empereur va lui dicter une ouvre pamphlétaire et lyrique : Napoléon le Petit, 1852, Histoire d'un crime qu'il ne publiera qu'en 1877, mais ce sont surtout les Châtiments, 1853, qui apportent une des plus violentes satires connues depuis Peire Cardenal et Agrippa d'Aubigné. Ce temps de l'exil est celui où Victor Hugo, reprenant des poèmes inédits, en composant d'autres avec une incroyable fécondité, va donner la somme poétique de son art et de sa pensée avec les Contemplations, 1856. D'autres poèmes, la Fin de Satan, Dieu, inachevé, seront publiés plus tard. C'est l'époque aussi du plus grand poème épique, la Légende des siècles, dès 1859, puis 1877, 1883, des Chansons des rues et des bois, 1865, qui apporte le contraste d'une poésie familière, simple, avec des aspects parnassiens et symbolistes.



Ces dix-huit années lui ont permis de parcourir toutes les voies de la poésie et d'exceller partout, de dépasser même, par la nouveauté et la puissance, ce qui s'était fait avant lui. Et n'oublions pas que c'est aussi le temps des Misérables, 1862, des Travailleurs de la mer, 1866, de L'Homme qui rit, 1869. On reste confondu par l'ampleur du travail, par le dépassement et l'originalité de chacune de ces ouvres qui suffirait à faire la gloire d'un écrivain.



Le Grand âge et l'apothéose.



Durant la dernière partie de sa vie, au retour de l'exil, de 1870 à 1885, cette production étonnante ne cessera pas. Bien que Victor Hugo soit de nouveau élu à l'Assemblée Nationale, malgré ses fougueuses interventions, la politique ne lui réussit guère. Il donne sa démission de député. Battu aux nouvelles élections, il devient sénateur de Paris en 1876. On le verra intervenir en faveur des Communards. En 1872, déçu par le nouveau régime, il repartira pour une année dans son île. De ses échecs politiques, la littérature ne peut se plaindre. C'est par ses ouvres que le poète pourra apporter sa générosité à ses contemporains, c'est par elles qu'il pourra assouvir une certaine fringale de popularité.

Durant cette période du grand âge, il enrichira la Légende des siècles, donnera cet Art d'être grand-père, 1877, quelque peu mièvre, le Pape, 1878, la Pitié suprême, 1879, L'Ane, 1880, Religions et religion, 1880, les Quatre vents de l'esprit, 1881, Toute la lyre, 1888-1893, et d'autres recueils posthumes comme la Dernière gerbe et Océan. S'ajoute le théâtre avec Torquemada, et le posthume Théâtre en liberté, 1886. Après sa mort paraîtront d'autres nombreux manuscrits : Choses vues, Alpes et Pyrénées, France et Belgique, Les Années funestes, Post-scriptum de ma vie, Tas de pierres, etc.

Comme Fontenelle, comme Voltaire, par la longue durée de sa vie, il survivra à sa génération, verra se lever un nouvel univers poétique souvent né de quelque partie de lui-même. Il est le patriarche vénéré, le poète respecté, une sorte de visionnaire et de Dieu de la poésie. Durant cette dernière partie de sa vie, il ne cesse de récolter les riches moissons de l'exil. Cet ancien royaliste devient en quelque sorte un symbole républicain. Il ne marche cependant pas main dans la main avec le pouvoir. Pour le peuple qui se reconnaît en lui, il devient le père, le Père Hugo.



Sa vie d'homme se poursuit, soumise à tous les aléas de la vie quotidienne : malheurs familiaux et ennuis domestiques, amours tumultueuses avec Juliette Drouet, érotisme de patriarche. Ses paroles ont une immense audience, qu'il parle sur la tombe d'Edgar Quinet, qu'il traite de Voltaire, qu'il fasse un discours pour l'ouverture du Congrès littéraire international. Son amie Juliette Drouet meurt le 11 mai 1883. La même année, Hugo rédige son fameux testament : « Je refuse l'oraison de toutes les églises.; je demande une prière à toutes les âmes. Je crois en Dieu. » L'année 1884 est marquée par un voyage en Suisse. Le vendredi 15 mai 1885, Hugo est atteint de congestion pulmonaire et meurt le 22 mai. Le iCT juin, le gouvernement décide les funérailles nationales. Jamais aucun poète en France n'aura eu tant de gloire. Déjà, depuis 1880, les manifestations en son honneur se succédaient : banquet du cinquantenaire d'Hemani, célébration de la quatre-vingtième année du poète. L'apothéose, c'est le cercueil exposé sous l'Arc de Triomphe et transporté aux Invalides. Ce sera un souvenir inoubliable pour les spectateurs, y compris nombre de jeunes poètes.

Nous venons de parcourir sa longue vie, ses soixante-dix ans de création, à trop grands pas. En rejoignant ses ouvres, nous ne la quittons pas, tant le créateur et ses ouvres sont mêlés. Place donc à un des phénomènes les plus curieux et les plus déroutants de l'histoire poétique française.

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