Etienne Jodelle |
L'infortuné Nason les voulait, les livres qu'il envoyait Du pôle glacé vers sa patrie, tels que la cour royale Te verrait, puisque tu es un livre d'exilé, si toutefois l'exil Ne m'était doux, si je n'étais parti Par choix plutôt que chassé par la volonté d'un Dieu et si, Eloigné, je n'avais été à jamais rendu au Dieu de Claros. Aussi va, sûr de toi et fier de tes tranches dorées Bien que tu sois un presque rien de mon esprit. Et, quoique faible, ne crains pas les yeux de l'Envie vorace Car ils seront nombreux, ceux qui te défendront : Déjà j'ai pu évoquer Sophocle chaussé de cothurnes, Le poète de Smyrne, le Sicilien, l'ancien de Thrace ; Le gai Aristophane, et l'ombre amoureuse de Philète, Et même le lyrique de Thèbes viendront à leur tour. Devant eux jadis céda l'Envie, et elle cédera à leur rappel Car mon art rend la vie lorsqu'il le veut. Et si j'évoquais avec eux le Pélide, et le fier Ulysse, Et Alcide, et ceux que tous ils ont chantés ? En sorte que, moi qui suis né pour l'art de Beilone, J'irais plaire aux Rois en dépit des Rois ? Mais va d'abord, toi, et si tu réussis, ceux-là T'apporteront de grands bienfaits, non du poison ; Alors je te suivrai chez les Rois, et alors Apollon, le méprisé, Mon compagnon d'exil, sera peut-être honoré. |
Contact - Membres - Conditions d'utilisation
© WikiPoemes - Droits de reproduction et de diffusion réservés.
Etienne Jodelle (1532 - 1573) |
|||||||||
|
|||||||||
Portrait de Etienne Jodelle | |||||||||
Biographie / Ouvres1532 BibliographiePoète et dramaturge français, l'une des gloires - mais la plus méconnue - de la Pléiade, Jodelle est aussi musicien, peintre, architecte, orateur et « vaillant aux armes ». Élève de Muret au collège de Boncourt, il fait jouer dès l'âge de vingt ans une pièce, Eugène, première tentative pour créer une comédie nationale. Jodelle semble avoir écrit une autre comédie, La Rencontre, qui, elle, est perd |
|||||||||