Etienne Jodelle |
Ce n'est que cruauté, ce ne sont que glaçons Qui perdent vainement les heureuses moissons Qu'un guerrier dût cueillir en sa belle Déesse ; Non, ce n'est pas glaçon mais c'est qu'il veut celer Ce flambeau trop ardent qui le ferait brûler S'il ne dissimulait l'amour de sa maîtresse. Il se peut garantir pour un temps seulement, Mais avant peu de jours son feu trop véhément Sortira de son cour en plus grande abondance, Comme un brasier qu'on veut sous la cendre amortir Prend lentement vigueur, puis il vient à sortir, Ardent et enflammé de sa vive puissance. J'estime cet ami de couvrir son ardeur, Aimant mieux se brûler qu'alléger sa douleur D'un seul soupir, remède à sa langueur extrême. C'est ainsi comme il faut les Déesses aimer : Endurer en aimant et plutôt consumer Son âme qu'offenser la beauté que l'on aime. Quand une telle Amour s'empare de nos sens, Les cours ont la faveur de cent contentements Et le sucre plus doux de la vie amoureuse ; L'ardeur en est secrète et secrets les moyens D'où nous pouvons goûter les plus souverains biens Dont le Ciel puisse rendre une âme bienheureuse. |
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Etienne Jodelle (1532 - 1573) |
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Portrait de Etienne Jodelle | |||||||||
Biographie / Ouvres1532 BibliographiePoète et dramaturge français, l'une des gloires - mais la plus méconnue - de la Pléiade, Jodelle est aussi musicien, peintre, architecte, orateur et « vaillant aux armes ». Élève de Muret au collège de Boncourt, il fait jouer dès l'âge de vingt ans une pièce, Eugène, première tentative pour créer une comédie nationale. Jodelle semble avoir écrit une autre comédie, La Rencontre, qui, elle, est perd |
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