Francis Jammes |
Confucius rendait les honneurs qui leur conviennent aux morts, dans l'Empire bleu du Milieu. Il souriait parce que l'eau éteint le feu comme la Vie éteint l'homme vers l'époque moyenne. Il n'ornait pas ses paroles merveilleusement comme certaines coupes des Grands de l'Empire. La tanche, qui est comme un vase de Pagode riche, n'a pas besoin d'être ornée artistiquement. Il allait avec une grande modestie au Palais, écoutant sans colère les joueurs de flûte qui adoucissent les sentiments comme la lune adoucit, sur la montagne brûlée, les arbres violets. Il parlait avec une respectueuse cérémonie aux principaux de la ville et au chef de la guerre. Il était bon, sans familiarité vulgaire, avec les gens du commun et mangeait leur riz. Il se plaisait aux choses de la Musique, mais préférait les instruments de simple roseau cueilli près des marais de vase douce et jaune où l'oiseau sans nom qui fait yu-yu se niche. Il se permettait, pour le bien de son estomac, les épices. Il aimait, vers le soir, à discuter de belles sentences, et il aurait voulu qu'on suspendît aux potences qui servent aux lanternes, des moraleries. Il parlait peu d'amour, davantage de la mort, quoiqu'il déclarât que l'homme ne peut la connaître. Il aimait voir les jeunes gens à la fenêtre, les trouvant bien, à demi cachés par les ricins gris mais rouges. Le soir il allumait des baguettes de parfum, puis tournait gravement un moulinet où les prières s'enlaçaient comme de belles pensées dans la cervelle i'un jurisconsulte ou d'un poète de talent. Il allait aussi voir les bâtiments de la Province, se réjouissant de leur propreté et du bon ton des navigateurs policés dont les réflexions étaient profondes et claires comme le désert marin. A ceux lui demandant des choses sur la chair, Confucius dit : la vôtre est pareille à l'autre et la mienne à la vôtre; le sens de ceci est clair. Puis il regarda en souriant son cercueil. |
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Francis Jammes (1868 - 1938) |
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Portrait de Francis Jammes | |||||||||
OuvresFrancis Jammes (1868-1938). Célèbre, et lu, parmi les plus grands, sans presque quitter Orthez, son « village », Jammes le fut et devrait l'être encore. Ami de Claudel, de Larbaud, de Gide (avec lequel il se fâche), il ne ressemble qu'à lui-même, Tibulle chrétien, ou croyant païen, et mène la poésie à son allure pas toujours naïve. Car il faut quelque savante magie pour rendre édénique ce qui, déj La vie et l'Ouvre de francis jammesAprès avoir fait ses études au lycée de Pau, puis à Bordeaux, Francis Jammes se passionne pour les livres de Jules Verne. En 1886, il échoue au bac et se réfugie dans l'écriture. Il rédige alors quatre-vingt-neuf poèmes. A Orthez, il devient trois ans plus tard avoué chez un notaire mais ce travail l'ennuie. Il envoie ses essais poétiques à des revues littéraires dans lesquelles il est remarqué pa |
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