Francis Jammes |
Il a plu. La terre fraîche est contente. Tout luit. Une goutte d'eau pèse et pend à chaque rose, mais il va faire chaud, et, cet après-midi, le soleil bourdonnant fendra la terre rousse. Le ciel brumeux se troue de bleus comme de l'eau d'où des raies en travers tombent sur le coteau. La taupe lisse, aux ongles forts, a rebouché ses gîtes racineux qui pèlent la pelouse. La limace argentée a traversé la route, la fougère trempée est lourdement penchée. et les ronces ont plu au cou des jeunes filles... Car elles sont parties, les jeunes filles, vers ce qu'il y a de mouillé, de tremblant et de vert. L'une avait son crochet, l'autre la bouche vive, l'autre avait un vieux livre et l'autre des cerises, l'autre avait oublié de faire sa prière. - Lucie, regarde donc toutes ces taupinières ? - Oh ! Que cette limace est laide. Ecrase-la. - Oh ! Horreur ! Je te dis que non... Je ne veux pas. - Ecoute, le coucou chante ? Elles sont allées jusqu'au haut du chemin qui entre dans la lande. Leurs robes s'écartaient et puis se rapprochaient. Les silences de leurs voix claires s'entendaient. Une pie rayait longuement le ciel. Un geai jacassait poursuivant un geai sur un noir chêne. Ainsi qu'un éventail les robes s'écartèrent encore, en ondulant, au soleil du sommet. Elles ont disparu. Je m'en suis attristé. Et, me sentant vieilli, j'ai pris dans le fossé, je ne sais pas pourquoi, une tige de menthe. |
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Francis Jammes (1868 - 1938) |
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Portrait de Francis Jammes | |||||||||
OuvresFrancis Jammes (1868-1938). Célèbre, et lu, parmi les plus grands, sans presque quitter Orthez, son « village », Jammes le fut et devrait l'être encore. Ami de Claudel, de Larbaud, de Gide (avec lequel il se fâche), il ne ressemble qu'à lui-même, Tibulle chrétien, ou croyant païen, et mène la poésie à son allure pas toujours naïve. Car il faut quelque savante magie pour rendre édénique ce qui, déj La vie et l'Ouvre de francis jammesAprès avoir fait ses études au lycée de Pau, puis à Bordeaux, Francis Jammes se passionne pour les livres de Jules Verne. En 1886, il échoue au bac et se réfugie dans l'écriture. Il rédige alors quatre-vingt-neuf poèmes. A Orthez, il devient trois ans plus tard avoué chez un notaire mais ce travail l'ennuie. Il envoie ses essais poétiques à des revues littéraires dans lesquelles il est remarqué pa |
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